aux soignants, dont les conditions de travail sont de plus en plus difficiles et dont la rémunération leur fait tourner le dos à leur vocation, la mort dans l’âme ; aux gestionnaires d’établissements publics de santé, qui ne parviennent pas à résorber les déficits, malgré leur gestion rigoureuse ; aux retraités, qui ont du mal à joindre les deux bouts et que l’on veut faire passer pour des nantis.
Ce PLFSS aggravera ces situations sans même réduire le déficit, annoncé à 16 milliards d’euros. Les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Plutôt que de faire contribuer davantage les revenus financiers, plutôt que d’examiner sérieusement les exonérations de cotisations, les niches sociales, plutôt que de responsabiliser l’industrie pharmaceutique, guidée davantage par la rentabilité que par la santé publique, vous faites porter quasi exclusivement les efforts sur nos concitoyens !
Vous faites peser l’effort sur les retraités, en reculant de six mois la revalorisation de leurs pensions. Vous êtes en partie revenus sur votre décision, mais plus de 9,5 millions d’entre eux perdront en pouvoir d’achat, car ils ne toucheront pas l’entièreté de la revalorisation prévue. Ils subiront en outre des hausses de tarifs de complémentaires santé si vous persistez à vouloir augmenter le ticket modérateur.
Tant pis pour les salariés qui seront malades en 2025 ! En cas d’arrêt maladie de plus de quatre jours, ils ne seront indemnisés qu’à 50 % des indemnités journalières, dans la limite de 1,4 Smic, contre 1,8 actuellement.
Chers collègues de la majorité sénatoriale, vous voulez également leur prendre 2,5 milliards d’euros de revenus avec une journée que vous n’osez plus appeler de solidarité, et pour cause ! La moindre diminution d’exonérations de cotisations est battue en brèche : 4 milliards d’euros de moins, sur les 80 au total, c’est encore trop !
Qui peut croire qu’un Ondam en augmentation de 2,8 % en 2025 est tenable ? La Commission européenne, peut-être, mais ni nous ni nos concitoyens !
Les hôpitaux sont à l’os, et l’Ondam hospitalier n’augmente que de 0,3 %, si on tient compte de l’augmentation du taux de cotisation à la CNRACL et de l’inflation ! Étaler la hausse de ces cotisations ne changera rien à l’affaire : des hôpitaux exsangues, des salariés épuisés.
Selon le rapport sur les déserts médicaux de Bruno Rojouan, la France a perdu plus de 2 500 médecins en deux ans et entre dans une décennie noire médicale.
Vous proposez des mesures timides, alors qu’une thérapie de choc est nécessaire. Or rien n’est prévu pour la formation des médecins dans le PLFSS 2025. C’est pourquoi nous présenterons des amendements pour réguler leur installation ; l’idée est devenue majoritaire dans le pays.
Le PLFSS devrait aussi être l’occasion d’un plan pluriannuel de financement du grand âge. Il n’en est rien ! Nouvelle marotte de la majorité sénatoriale : les salariés devront travailler plus pour gagner moins. Les crédits du PLFSS ne sortiront pas les 85 % d’Ehpad publics du déficit. Que dire des 6 500 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires : même pas un de plus par Ehpad ! Nombre d’entre eux ont pourtant témoigné de leurs difficultés à faire face à l’inflation et à l’insuffisante compensation des mesures de revalorisation salariale.
Les pénuries de médicaments s’aggravent. Les décisions récentes de Sanofi, avec la vente de sa branche Opella, risquent de faire perdre à la France un peu plus de sa souveraineté sanitaire et industrielle.
Nous proposons de mettre davantage à contribution l’industrie pharmaceutique, largement bénéficiaire de fonds publics, notamment via le crédit d’impôt recherche (CIR).
Nous ferons des propositions pour la branche famille. Le livre Les Ogres de Victor Castanet a montré les dérives des crèches privées lucratives. Il faut aussi des moyens pour les collectivités, qui devront assurer le service public de la petite enfance.
Vous avez dit que ce PLFSS était perfectible. Ô combien !
Il ne fera, en définitive, que des mécontents. Il y en a pourtant déjà tant dans le pays. Une autre voie est possible.