Numerus clausus supprimé, mais la porte reste fermée

Accès aux soins

Publié le 20 juin 2025 à 11:22

La succession de textes sur l’accès aux soins pourrait laisser croire que notre pays se mobilise enfin au bon niveau sur ce sujet. Hélas, nous sommes loin de la stratégie globale, cohérente et financée dont la France aurait besoin.

Je salue la suppression par le député Neuder du numerus apertus, qui n’a pas mis fin à la situation de pénurie ayant découlé du numerus clausus - mesure visionnaire portée dans les années 1970 par les obsédés de la réduction des dépenses de santé... Le nombre d’étudiants formé a augmenté de 11 %, loin des besoins, et a baissé en maïeutique et en pharmacie. C’est bien pourquoi nous proposons, à chaque PLFSS, que seuls les besoins en santé déterminent l’offre de formation !

Le ministre Neuder peut-il s’en tenir à cette intention, sans prévoir les moyens afférents ? Selon l’Académie de médecine, il manque 5 000 places chaque année pour remédier à la pénurie de médecins. Que comptez-vous faire pour initier ce grand effort de formation ? Quels financements pour nos universités ? Combien de chefs de clinique, de PU-PH recrutés ? Quels terrains de stage pour faire découvrir l’exercice dans nos villes moyennes, nos territoires ruraux, nos quartiers populaires ? Inutile de dire qu’on risque de se heurter à la volonté du Gouvernement de trouver 40 milliards d’euros d’économies... Dans ce contexte, comment entendez-vous élargir la prime de 800 euros aux maîtres de stages dans les quartiers prioritaires de la ville ? Ces mesures ne sauraient s’accompagner d’une moindre prise en charge des patients.

Vous voulez favoriser la reprise d’études en France - mais les démarches sont encore trop exigeantes pour entraîner un véritable retour des étudiants français partis se former à l’étranger.

Vous simplifiez les passerelles pour les professionnels paramédicaux - mais gare à ne pas déplacer la pénurie de médecins vers ces professions ! Nous avons aussi besoin de former plus d’infirmiers, de psychothérapeutes, d’orthoptistes, de psychomotriciens, etc. Cela doit aussi s’accompagner d’une universitarisation des formations, notamment pour les masseurs-kinésithérapeutes - notre amendement en ce sens a hélas été déclaré irrecevable.

Nous ne pourrons pas faire l’économie de mesures de régulation à l’installation des médecins, car les inégalités entre territoires se creusent.

Enfin, il faut revoir les conditions d’études, alors que 37 % des étudiants en médecine songent à tout arrêter pour des raisons financières, et que, parmi ceux qui échouent en première année, trois sur cinq s’éloignent du secteur de la santé.

Bref, je crains que ce texte ne supprime pas réellement le numerus apertus. Nous le voterons néanmoins, tout en continuant à plaider pour un grand plan de financement dans les prochains PLFSS.

CélineBrulin

Sénatrice de Seine-Maritime
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