Chaque jour, 65 professionnels de santé sont victimes d’agressions physiques ou verbales.
Le centre hospitalier régional universitaire de Nancy n’échappe pas à la règle : en 2023, près de 500 agressions ont été recensées, justifiant la création d’une cellule de veille violence, afin de ne pas banaliser ces faits. Les urgences et la gériatrie concentrent le plus fort taux de violence, les patients souffrant de troubles cognitifs.
Je regrette que nos débats aient tourné essentiellement autour de la surenchère répressive, quand nous aurions voulu débattre des causes de ces violences et surtout des moyens de les endiguer.
Prise en charge du patient, refus des soins d’hygiène et de toilette, temps d’attente : voilà les principales causes des violences. Or nous n’apportons aucune réponse à ces problèmes et le Gouvernement reste muet sur le sujet.
Il faut avant tout des moyens, et donc en finir avec les politiques d’austérité et les coupes dans les dépenses. Certes, l’Ondam progresse chaque année, mais à un niveau inférieur aux besoins. Or ces derniers augmentent, sans parler de l’inflation. Résultat : les hôpitaux reçoivent moins. S’ajoute la hausse des cotisations à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL).
Selon le rapport de septembre 2023 de Jean-Christophe Masseron et de Nathalie Nion, la sécurité des professionnels est un sujet avant tout systémique. Les auteurs concluent que les difficultés du système de santé potentialisent et augmentent l’acuité de la problématique des violences en santé. Les auditions et les rapports ont mis en évidence que ces violences étaient le fait des patients, de leur entourage, mais aussi des professionnels de santé eux-mêmes, entre pairs ou envers les patients.
La moindre des choses serait d’admettre que les ressorts des violences sont systémiques, or cette proposition de loi n’apporte qu’une réponse parcellaire.
Les auteurs du rapport recommandent d’agir sur les raisons de la violence. Il faudrait d’abord agir dans les Ehpad, aux urgences et dans les services de psychiatrie. Les agents y souffrent du manque de personnel, début de la déshumanisation du lien entre soignant et patient. Attendre longtemps est une souffrance pour les patients, mais attendre sans comprendre transforme la souffrance en impatience. Il faut des moyens financiers et humains ! Nous devons au moins nous assurer que les directions garantissent la protection des victimes.
Malgré ces nombreuses réserves, le groupe CRCE-K s’abstiendra, afin de transmettre un message de soutien aux professionnels de santé.