Par deux fois déjà, la majorité sénatoriale a tenté de créer une condition de résidence pour le versement de certaines prestations sociales.
Elle avait proposé cinq ans de résidence dans la loi Immigration, avec le soutien de Gérald Darmanin, avant que le Conseil constitutionnel ne censure ce dispositif. En 2024, les sénateurs et députés Les Républicains ont déposé une proposition de loi référendaire, censurée par le Conseil constitutionnel.
Jamais deux sans trois ! Les Républicains retentent donc leur chance, espérant que cette fois sera la bonne.
Nous vous avons interrogés sur le nombre de potentiels bénéficiaires. Mais vous n’avez pas pu nous répondre, vous n’avez pas de chiffres. Mais l’essentiel n’est pas là, selon vous, n’est-ce pas ? Ce texte est avant tout un marqueur idéologique.
Ce texte est anticonstitutionnel. Il contrevient au principe même de notre modèle social.
Ce qui importe à la majorité sénatoriale, c’est d’occuper le terrain sur l’immigration, quitte à perdre des électeurs rationalistes, humanistes et gaullistes sociaux. Nous sommes surpris de l’unanimité du groupe Les Républicains derrière le ministre Retailleau. Nous sommes encore plus surpris de voir des centristes et des macronistes soutenir ce texte xénophobe et antisocial.
Vous aggravez la précarité, le nombre de travailleurs pauvres et de mal-logés. Vous jetez des gens chez les marchands de sommeil et créez des bidonvilles.
Vous allez restreindre les droits et engendrer plus de précarité, selon le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Cette proposition de loi est une victoire pour le RN. Vous reprenez le mythe de l’appel d’air et le principe de préférence nationale du RN. Jordan Bardella ne s’exprimait pas autrement en disant que notre pays devait cesser d’être un « guichet social pour l’immigration du monde entier ».
Après l’austérité budgétaire, vous justifiez une Sécurité sociale à deux vitesses, phase suprême du capitalisme.
Entre ceux qui ont voulu réduire les prestations sociales des étrangers et ceux qui ont voulu réduire le nombre d’étrangers pour améliorer les prestations sociales, il y a un point commun : la remise en cause de notre modèle social universel, auquel nous sommes attachés.