Un budget « de régression sociale » : tel est l’analyse des sénateurs du groupe CRC à propos du projet de loi de finances pour 2008 que le Sénat examine actuellement. Celui-ci multiplie les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux ménages les plus aisés, en intégrant notamment les dispositions du « paquet fiscal » voté cet été, pressurise l’emploi public, et taille dans de nombreuses dépenses à vocation sociale. Le budget de la culture n’échappe pas à cette rigueur générale, comme l’a souligné Jack Ralite : « Monsieur le président, Madame la ministre, mes chers collègues, il y a plusieurs façons d’aborder le budget de la culture. Premièrement, le lire au fil des chiffres et de leur agencement ; cela ne donne pas toujours grand-chose, chaque année étant vorace d’une nouvelle présentation. On devient orphelin. Ainsi, dans le budget 2008, par un changement de périmètre, les crédits du patrimoine monumental sont majorés artificiellement, alors qu’ils baissent de 18 % en crédits de paiement et de 6,4 % en autorisations d’engagement. Deuxièmement, croire les chiffres, alors que nombreux sont ceux qui ne sont pas véritablement vrais, d’où un document en simulacre qui somnambulise. Ainsi, dans le budget 2008, le spectacle vivant, stationnaire en écriture, baisse dans ses crédits d’intervention de 414 000 euros en crédits de paiement et de 715 900 euros en autorisations d’engagement. Troisièmement, il y a la lecture quantitative, celle qui ravale les arts, leur création, leur rencontre avec les publics et leur pluralisme à une comptabilité anonymisant tout, qui conduit à l’invisibilité démocratique. Pour moi, c’est du sarkozysme dans le budget, mais cela ne se voit pas à chiffres nus. »