Alerte sur le désordre budgétaire

Explication de vote sur le PLF 2025

Publié le 24 janvier 2025 à 10:00

Depuis plusieurs mois, l’intervention du Président Emmanuel Macron met en cause l’équilibre institutionnel de la République. Le Sénat est aujourd’hui utilisé pour dévoyer le bicamérisme et affaiblir le pluralisme.

Les chiffrages fantaisistes pour décrédibiliser la censure, pourtant seule réponse possible au 49.3 ; et le contournement des discussions par l’adoption du PLF en commission mixte paritaire ; sont autant de coups de forces.

De fait, vous acceptez de contourner les débats à l’Assemblée Nationale, tout autant que la volonté des français exprimée dans les urnes.

Du jamais vu, l’Assemblée Nationale n’aura jamais discuté la seconde partie du budget.

Cerise sur le gâteau, le premier décembre dernier, une seconde délibération du gouvernement balaie en quelques secondes des jours de travail sénatorial. Elle supprime par-là, 27 amendements de justice sociale et fiscale adoptés par notre hémicycle. Fait inédit, les sénatrices et sénateurs de gauche et écologistes ont quitté l’hémicycle. Pas par crainte du résultat du vote, mais pas écœurement.

Le 15 janvier dernier, Cécile Cukierman, notre Présidente, Evelyne Corbière-Naminzot et moi-même avons effectué plusieurs rappels au gouvernement. En effet, la reprise des débats sans interruption de la session parlementaire a été contraire à l’esprit et à la lettre de l’article 47 de la constitution. Le gouvernement devait présenter un nouveau projet de budget !
Une majorité sénatoriale s’en est accommodé.

Pas de leçons de notre part. Mais une alerte politique sérieuse.
Le désordre budgétaire auquel nous assistons aurait pu être évité par l’écoute de ces alertes.

Le peuple va-t-il se satisfaire longtemps de donner les pleins pouvoirs à un seul individu ?
Cela, dans une confusion idéologique croissante, et au cœur d’une crise sociale et démocratique.
Le peuple va-t-il se satisfaire de laisser les pleins pouvoirs aux relais des milieux financiers et des affaires ?

Attention, l’intérêt général n’est plus le produit d’équilibre garanti par le politique ! Un mur se dresse entre les populations et les lieux de décisions.

C’est dans ces conditions que nous voici parvenus au terme de l’examen d’un budget frappé d’un triple sceau : Messieurs Attal, Barnier, Bayrou. Un triple saut – aussi – dans l’inconnu : inconnu démocratique, inconnu fiscal, inconnu social. Voilà pourquoi un nouveau budget aurait été nécessaire !

En effet, où est donc la prise en compte des urgences sociales et économiques dans ce budget ?

Les dossiers de surendettement des ménages explosent ! 250 000 emplois industriels sont menacés dans notre pays. La productivité décroche. 15% des français en état de grande pauvreté.

Comment pouvons-nous continuer à faire comme si de rien n’était ?

Votre réponse à ce constat terrible : 6,3 milliards de nouvelle coupes, partagées par le gouvernement et la majorité sénatoriale. L’affaiblissement de la puissance publique va accélérer la déflagration de l’état social du pays.

Et où frappez-vous ? Toujours là où le coup fait le plus mal. Sur la santé, déjà exsangue, vous ôtez 250 millions d’euros !

Nos hôpitaux suffoquent, nos soignants s’épuisent, et vous, vous leur demandez encore de serrer la ceinture. Dans nos écoles, où l’on manque professeurs – vous n’apportez aucune réponse. Et la transition écologique ? 1,3 milliard envolé, comme si le dérèglement climatique pouvait attendre.

Parallèlement, les collectivités territoriales, pourtant le dernier rempart contre les fractures sociales et territoriales, subissent encore et toujours une nouvelle coupe.

Derrière les grands discours, la droite sénatoriale n’a pas bronché.
Alors, allez donc l’expliquer aux citoyens ! Aux élus locaux !

Derrière chaque euro arraché aux collectivités, c’est la vie des gens qu’elle malmène : des factures qui explosent, des salaires qui stagnent, des services publics qui se délitent.

Quand tout sera privatisé, on sera privé de tout.

Derrière tout cela, ce que vous défendez vraiment saute aux yeux : le coût exorbitant du soutien au capital. Et le capital continue de prospérer : 100 milliards d’euros pour les actionnaires du CAC 40 en 2024. Un record !

Car si vous êtes si prompts à couper dans les services publics, c’est pour mieux préserver un ordre de priorités : celui des grandes fortunes et des détenteurs de capitaux. Chaque année, 200 milliards d’euros sont versés aux entreprises sous forme d’aides publiques.
Deux cents milliards ! C’est 78 milliards en dépenses fiscales, 91 milliards en allègements sociaux, 35 milliards en subventions directes.

Et à quoi cela sert-il ? À enrichir les riches. Et l’ISF ? Ce symbole d’une fiscalité juste, plébiscité par 72 % des Français ? La véritable cohérence de ce budget c’est le refus idéologique du partage des richesses.Ce refus de présenter un nouveau budget amène à ne pas reconduire les quelques timides mesures de justice fiscale du budget Barnier.

C’est pourquoi nous travaillons à utiliser tous les recours démocratiques, tous les interstices qui existent. Ce que nous voulons : des mesures pour que les Français vivent mieux.

A la veille du probable coup de force de la Commission Mixte Paritaire sur le budget, nous déposerons, députés et sénateurs communistes, républicains, citoyens et outre-mer, un projet de loi d’urgence économique et sociale.

Une loi pour répondre au chaos que vivent les français au quotidien.

Cette loi que nous déposerons vient des propositions des communes, des syndicats, des associations. Oui, la démocratie a encore une vitalité, une espérance : un gouvernement devrait savoir la trouver. Cette vitalité démocratique vit dans les communes, dans le mouvement social dans sa diversité, dans les entreprises, dans les territoires.

20 mesures dont l’abrogation de la réforme des retraites, le blocage des prix et de nouvelles recettes pour répondre à l’urgence sociale.

Au cœur de ce combat pour la démocratie et la justice, nous voterons résolument contre ce budget.
Comme le dit André Chassaigne, qui aurait fait un très bon Président de l’Assemblée Nationale, je cite, « il faut révolutionner le lien entre la population et le pouvoir politique".

Pascal Savoldelli

Sénateur du Val-de-Marne
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Le peuple va-t-il se satisfaire longtemps de donner les pleins pouvoirs à un seul individu ? Cela, dans une confusion idéologique croissante, et au cœur d’une crise sociale et démocratique. Le peuple va-t-il se satisfaire de laisser les pleins pouvoirs aux relais des milieux financiers et des affaires ?

En chiffre

200 milliards

Chaque année, 200 milliards d’euros sont versés aux entreprises sous forme d’aides publiques

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