Au Sénat, le 1er octobre 2020, il nous assurait que nous assistions à un risque de fort ralentissement de l’économie mondiale en raison de nombreuses tensions - tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, dans la région du Golfe, en Europe avec le risque d’un Brexit sans accord. Pas un mot sur la crise sanitaire.
Il nous préparait ainsi à un dérapage des finances publiques, tout en réaffirmant : « nous maintenons une politique de l’offre ». Tout va mal, mais le cap est à l’offre toute ! Tant pis pour les Français et les finances publiques à long terme.
Le 30 septembre 2020, toujours au Sénat, il affirmait que l’axe restait le soutien à l’offre et l’amélioration de la compétitivité des entreprises, dans un contexte très difficile de grande incertitude économique. Ce n’est plus de la constance, mais de l’entêtement !
Le 22 septembre 2021 - mon intervention préférée - , il clamait son attachement à la maîtrise des comptes, à la baisse des impôts et à la sincérité. Après la crise la plus grave que nous ayons connue depuis 1929, 2022 devait marquer le retour progressif à la normale et la fin du « Quoi qu’il en coûte ».
Enfin, le 26 septembre 2022, il nous assurait que les incertitudes n’avaient jamais été aussi grandes - Ukraine, difficultés économiques de nos partenaires, incertitudes politiques au sein de la zone euro.
Sans vouloir tirer sur l’ambulance, permettez-moi de souligner qu’à chaque fois il a dénoncé le contexte, tout misé sur une croissance incertaine et qu’il n’a jamais reculé sur la politique de l’offre.
Résultat : une dérive budgétaire, avec un déficit public deux fois plus lourd qu’en 2019 et presque aussi haut qu’en pleine crise sanitaire.
Une fable a cours au Gouvernement depuis 2017 : on peut faire mieux avec moins de dépenses et on a plus de recettes quand on baisse les taux et qu’on supprime les impôts. Voyez donc les 7,3 milliards d’euros de moindres recettes en 2023 par rapport à 2022...
La politique de l’offre conduit aussi à taxer plus les ménages avec l’impôt sur le revenu et la TVA que les entreprises : l’écart est d’au moins dix points.
Et que dire des 7 milliards d’euros d’économies revendiquées par rapport à 2022 ? Pour 84 % d’entre elles, il s’agit de dispositifs mal conçus qui conduisent à du non-recours - filet de sécurité des collectivités territoriales, prêts garantis par l’État, MaPrimeRénov’, chèque énergie, indemnité carburant...
Reports de crédits, gels, annulations : 38,4 milliards d’euros se sont baladés, au mépris des droits du Parlement.
L’année 2023 est derrière ; l’année 2025 devant. « Le passé est un oeuf cassé, l’avenir est un oeuf couvé », écrivait Paul Éluard.