Les étrangers, qu’ils aient des papiers ou non, travaillent en silence, prennent le premier métro pour nettoyer les bureaux de La Défense. Personne n’en parle jamais. Restaurants, Ehpad, chantiers des jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), champs, université : ne pas voir cette grande masse des étrangers, c’est le choix du déni. Or ces femmes et ces hommes sont bien plus patriotes que les émigrés fiscaux qui bénéficient d’un laxisme coupable !
Les mesures adoptées en commission aggravent le texte, avec la limitation du droit du sol, de l’AME ou du regroupement familial. Comment un étranger peut-il s’intégrer sans sa famille ?
Penser réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d’accueil est une erreur. Les conditions se détériorent depuis des années sans que les flux ne se tarissent. Le faible taux de recours aux aides - 50 % pour l’AME, 30 % pour le RSA - montre bien qu’on ne vient pas dans notre pays pour les aides.
Ce n’est pas la situation du pays d’accueil mais celle du pays de départ qui provoque l’émigration. Allons-nous rester dans le déni et vendre le mirage d’une immigration zéro, ou regarder la réalité en face et organiser l’intégration par l’école, par la langue, par le travail ?
C’est parce que cette organisation fait débat que nous en sommes là. L’absence de voie légale crée un marché pour les passeurs. L’absence de logement digne crée un marché pour les marchands de sommeil. L’absence de régularisation massive par le travail crée les conditions pour que les patrons voyous profitent de la misère. Le drame n’est pas l’immigration, mais son exploitation. L’article 8 pénalisant les employeurs qui embauchent des sans-papiers est révélateur. Qui est coupable ? Celui qui travaille ou celui qui l’embauche ?
Nous défendons une vision aux antipodes de celle de la commission. Lorsque nous parlons des étrangers, nous parlons d’abord de nous et de nos valeurs.