Madame la ministre,
Président délégué pour la Bosnie-Herzégovine du groupe interparlementaire d’amitié France-Balkans occidentaux, j’ai été contacté par la Maison d’Europe et d’Orient (MEO) qui m’a alerté sur ses difficultés financières, suite à une importante baisse des aides de l’Etat.
La MEO est en effet principalement financée par le Ministère de la Culture, l’ACSE, la Région Ile-de-France et la Ville de Paris. Ses recettes budgétaires qui se situaient autour de 300.000 €, viennent de tomber en-dessous des 200.000 €. Ses ressources propres restent en constante progression, mais celles-ci ne parviennent pas à compenser la formidable baisse du soutien de l’Etat.
En ce qui concerne votre ministère, le soutien de la DGCA (création artistique), de 10.000 € en 2003, est passé à 0 € en 2012 ; celui de la DRAC, de 26.000 € en 2006, à 10.000 € en 2012 ; celui de la DGLFLF (langues), de 10.000 € en 2009 à 8.000 € en 2012 ; celui du CNL de 22.000 € en 2006 à 3.000 € en 2012 ; celui du SDAEI, de 35.000 € en 2005, à 10.000 € en 2013.
Ainsi, cette importante baisse du soutien de l’Etat risque d’entrainer la fermeture de cet établissement à court terme, le licenciement de 5 personnes, la perte de revenus pour une quantité d’acteurs, d’auteurs et de traducteurs et un nouvel appauvrissement du paysage culturel français.
Pourtant, basée à Paris, la Maison d’Europe et d’Orient est un pôle culturel européen important qui regroupe :
- une librairie, rare endroit où trouver de manière permanente la littérature bosnienne et des ovrages en français concernant la Bosnie-Herzégovine ;
- un centre de ressources (la Bibliothèque Christiane-Montécot) qui conserve près de 3.000 textes dramatiques, en langue originale et en traduction ;
- un réseau européen de traduction théâtrale (Eurodram) qui regroupe près de 300 membres, répartis en 36 comités linguistiques, et fait circuler près de 300 textes chaque année dans toute la zone Europe / Méditerranée / Asie centrale ;
- une maison d’édition (l’Espace d’un instant), qui propose désormais 220 textes de 171 auteurs, publiés dans 83 livres, dont des inédits de Vaclav Havel ou Nâzim Hikmet ;
- une compagnie (Théâtre national de Syldavie) et un espace polyvalent (Bunker Andreï Malroff-Dejan Vilarski) qui assurent depuis deux décennies un nombre exceptionnel de lectures, rencontres, festivals et collaborations diverses dans le domaine, sans compter son action pour la diversité linguistique.
Cet établissement indépendant et pluridisciplinaire travaille régulièrement avec les artistes bosniens. Les textes de son catalogue sont lus et représentés aussi bien dans les lieux indépendants qu’à la Comédie-Française, au festival d’Avignon ou sur France Culture. Leur diffusion a été accompagnée par nombre de personnalités de la vie culturelle française et européenne. Elle est désormais le principal promoteur de l’ensemble de la littérature disponible dans l’espace francophone pour plusieurs communautés. Son travail a été soutenu par les gouvernements de 19 pays, du Canada à l’Ouzbékistan. Elle a été la première maison d’édition française à bénéficier du programme d’aide à la traduction littéraire de l’Union européenne avec une évaluation de 98/100. Elle vient d’obtenir le statut de membre coopérant de l’Institut international du théâtre.
Ainsi, au vu de l’importance de cet équipement culturel, j’ai souhaité vous alerter sur les graves risques qui pèsent sur cet établissement et vous demander de lui apporter un soutien bienveillant afin d’éviter sa fermeture et lui permettre de poursuivre ses activités, notamment en faveur de la culture bosnienne.
En espérant que vous prendrez en considération cette demande, je vous prie de croire, Madame la ministre, en l’expression de ma haute considération.