Monsieur Philippe DOUSTE-BLAZY
Ministre des Affaires Etrangères
Monsieur le Ministre,
Le 18 août dernier, de graves évènements se sont déroulés à Abidjan.
Un navire russe, le « Probo Koala » battant pavillon panaméen, affrété par une société immatriculée en Espagne, jette l’ancre au Port autonome d’Abidjan. Il a fallu près de deux jours pour que le « Probo Koala » se débarrasse de ses 528 m3 de cargaison sur 7 sites répartis sur Abidjan, dont les décharges d’Akouédo, de Dokui, de Vridi, de Ndotré.
La toxicité des quatre cents tonnes de déchets ainsi déversés, n’a été révélée qu’après le départ du bateau qui a quitté le pays sans être inquiété, en direction de l’Estonie.
Depuis le 19 août, 5 personnes sont décédées et plus de 5.000 se sont déjà présentées dans les hôpitaux pour intoxication.
Devant l’ampleur de cette catastrophe, les responsabilités ivoiriennes et internationales, publiques comme privées doivent être établies et les responsables sanctionnés, selon les textes de loi en vigueur.
L’Union européenne - et en particulier l’Espagne, d’où est parti le navire - ne peut rester indifférente. En effet, la convention de Bâle interdit le transfert des déchets dangereux entre pays de l’OCDE et pays non membres de l’OCDE. L’Union européenne doit mettre tout en œuvre pour que soient respectées les conventions internationales.
Ce désastre écologique met au grand jour un processus dramatique et inacceptable, qui fait des pays africains, une « terre d’accueil » des déchets divers émanant des pays du Nord. Ce dernier aspect est encore aggravé par la déstabilisation des Etats.
Aujourd’hui, le gouvernement ivoirien a présenté sa démission.
La France a envoyé un groupe d’experts en vue d’évaluer l’ampleur des dégâts, mais il est de notre devoir d’aller plus loin.
Aussi, je demande, ainsi que l’a fait le Parti communiste français dans un communiqué, la mise en place rapidement, d’un plan d’urgence international coordonné entre l’ONUCI et les autorités ivoiriennes afin que, d’une part, les ivoiriens puissent être soignés correctement dans les meilleurs délais et d’autre part, que les sites en question soit nettoyés avant que d’autres contaminations ne surviennent.
Je demande également que la représentation nationale soit informée en temps et en heure des agissements du gouvernement sur cette question.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, mes respectueuses salutations.