Monsieur le Recteur,
Les 40 fermetures de classes sèches de juin prévues par la carte scolaire en Seine-et-Marne, auxquelles s’ajoutent celles annoncées en janvier dernier, suscitent beaucoup d’incompréhension, de colère et de protestation chez des parents de notre département qui subit de plein fouet les conséquences d’autres insuffisances de moyens de l’Etat.
Parmi ces fermetures il y a la suppression d’une classe prévue à l’école Villa Marie Louise à Montereau pour un différentiel de seulement sept élèves. Au sujet de cette dernière j’ai à l’instar de centaines d’autres citoyens signé une pétition en faveur du maintien des moyens. Il y a aussi la fermeture l’école élémentaire Les Saules à Collégien alors que l’école comptera a minima le même nombre d’élèves qu’actuellement à la rentrée. C’est pourquoi je m’y suis rendu vendredi dernier pour venir en appui à la communauté scolaire et à la mairie qui se mobilisent.
Mais je tiens particulièrement à attirer votre attention sur la fermeture annoncée d’une classe à l’école élémentaire du Boulay à Souppes-sur-Loing, non prévue dans les projections de janvier. Cette mesure est selon les parents incompréhensible. Elle suscite chez eux une grande colère que je ne peux que partager.
En effet l’école accueille chaque année une majorité d’enfants issus de la cité Bellevue, quartier HLM de 1000 habitants laissé en déshérence par le bailleur social, qui crée un bassin local de grande précarité. Une enveloppe exceptionnelle de 60 000 € a récemment été allouée pour accompagner les habitants de la cité — incluant la mise en place d’un écrivain public, preuve que l’illettrisme est un enjeu concret et urgent. Il n’y a plus, ou presque, de familles avec deux parents et avec emploi. Les nouveaux arrivants sont nombreux, les familles monoparentales également. Chaque rentrée scolaire s’accompagne d’un fort turnover résidentiel, avec des inscriptions massives en septembre, difficiles à anticiper mais bien connues de tous les acteurs locaux.
L’Indice de Positionnement Social en classe de CM2 en 2024, très bas, est de 89, ce qui classe les familles usagères de l’école parmi les plus défavorisées du secteur. De plus cet indice est en baisse constante car il était encore à 92 en 2022.
Les dossiers MDPH déjà déposés pour la rentrée prochaine témoignent de la présence significative d’élèves à besoins particuliers, souvent non suivis faute de moyens. Les résultats aux évaluations nationales sont inférieurs aux moyennes, ce qui devrait justifier un renforcement des moyens, non leur diminution. La décision de fermeture entraînerait des classes surchargées, à 27 ou 28 élèves, avec des doubles niveaux dans un contexte éducatif déjà complexe.
Je vous serais reconnaissante, Monsieur le Recteur, de bien vouloir intervenir avec diligence sur ce sujet urgent qui mérite une attention particulière.
Restant à votre écoute je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes salutations les plus distinguées.
