"Les revenus du capital s’envolent, quand ceux du travail piétinent"

Débat sur le thème : « Fiscalité du travail, fiscalité du capital : quels équilibres ? »

Publié le 5 novembre 2025 à 16:39

Monsieur le ministre, percevez-vous les déséquilibres ? Les revenus financiers ont progressé deux fois plus vite que le PIB et trois fois plus vite que les salaires depuis 2017 : pas terrible comme bilan !

Les dividendes ont atteint un record absolu en 2025. Donc les revenus du capital s’envolent, quand ceux du travail piétinent.

La fiscalité a cessé de jouer son rôle d’amortisseur, pour être transformée depuis 2018 en un instrument de reproduction des inégalités. Le taux marginal est de 30 % pour les revenus financiers, contre 45 % pour les revenus du travail.

Quelle est la stratégie de l’État face à cette dynamique ? Celle que vous défendez - la protection des grandes fortunes, assises sur le non-travail - ou le rétablissement de la progressivité de l’impôt et la protection des revenus du travail ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER)

M. David Amiel, ministre délégué.

J’ai l’impression que vous décrivez les Etats-Unis, où les inégalités de revenus ont explosé. Chez nous, le partage de la valeur ajoutée entre capital et travail n’a quasiment pas bougé en cinquante ans, car notre système fiscal est très redistributif. L’écart entre les plus pauvres et les plus riches est massivement réduit par notre système de prélèvements.

Nous avons cependant deux difficultés. D’une part, les plus grandes fortunes, en optimisant leur imposition au travers de holdings et grâce à la directive européenne mère-fille, se soustraient à leur taux d’impôt normal : nous souhaitons y remédier dans le PLF. D’autre part, le coeur du malheur français, c’est l’absence de mobilité sociale : il faut six générations à un enfant de classe populaire pour rejoindre les classes moyennes, une éternité ! Le malheur français, c’est aussi le chômage de masse qui frappait les classes populaires. Une politique économique de création d’emplois contribue à la justice sociale.

M. Pascal Savoldelli.

Depuis 2017, on a supprimé l’ISF, instauré la flat tax, effacé la CVAE, réduit l’impôt sur les sociétés : tout cela sans conséquence ? En réalité, la charge fiscale a été déplacée du capital vers le travail. Montant de l’addition pour les salariés : 62 milliards !

Pascal Savoldelli

Sénateur du Val-de-Marne
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