Permettre une vraie politique de rupture

Réponse à la déclaration de politique générale

Publié le 17 janvier 2025 à 11:27

L’extrême droite est puissante dans de nombreux pays occidentaux - Italie, Suède, Pays-Bas, Autriche - et progresse en Allemagne. Elle se réjouit de la prise de fonction de Donald Trump aux États-Unis. Les récentes saillies d’Elon Musk, son autoritarisme, sa haine de l’État, montrent que le libéralisme économique menace l’équilibre mondial.

Jusqu’à présent, les démocraties occidentales se posaient en modèle face aux blocs autoritaires ou face à la montée de l’islamisme radical. Peuvent-elles relever le défi d’une espérance pour les peuples du monde ? C’est toute la difficulté de l’heure.

La France a, de par son histoire, un rôle précurseur pour porter les idéaux de justice et d’égalité. Comment parler de démocratie si nous bafouons ces deux concepts ?

Sur ces terres qui ont vu naître les droits de l’homme, où l’on s’est battu pour la conquête des droits élémentaires, où démocratie devrait rimer avec pluralisme et tolérance, la menace de l’extrême droite est bien réelle, tant la désespérance nourrit la colère, tant les difficultés nourrissent le rejet de l’autre, la concurrence plutôt que la solidarité.

Comme je l’avais dit à Michel Barnier le 2 octobre, il est inacceptable que le bloc arrivé en tête à l’Assemblée nationale soit de nouveau écarté par Emmanuel Macron. Votre Gouvernement, monsieur le Premier ministre, est le gouvernement des battus dans les urnes ! Le peuple a exprimé un choix de fond, une volonté de changement politique.

La vie est dure pour les femmes et les hommes de notre pays. Je pense aux victimes des deux cyclones successifs à Mayotte. Pouvoir d’achat en recul, explosion des factures d’énergie et des prix alimentaires, crise agricole, mal-logement, école en danger, hôpital en crise, désertification médicale nourrissent la colère qui gronde. L’avenir de notre jeunesse est incertain.

Il est urgent de stopper l’hémorragie des emplois industriels : 300 000 sont menacés. Monsieur le Premier ministre, la réindustrialisation ne passe pas par des manoeuvres de couloir, mais par une vraie ambition !

La précarisation des salariés entraîne un désarroi profond. Le collectif a perdu du terrain face à l’individualisation de la société, qui signe le triomphe des puissants. Pouvez-vous rester sourd au désir d’égalité, à l’aspiration démocratique et sociale ?

Les sept années de macronisme ont été utiles aux plus riches : les profits du CAC 40 ont explosé : 100 milliards d’euros en 2024 ! Le ruissellement s’est fait par torrents, mais vers le haut.

Vous devez agir pour une nouvelle répartition des richesses. C’est sans doute contraire à l’idéologie de votre socle commun, mais c’est indispensable pour s’attaquer au déficit public tout en répondant aux nécessités sociales. Votre seule réponse est la baisse de la dépense publique, c’est-à-dire la casse du service public. Or les Français veulent la sécurité et la justice, dans tous les pans de leur vie.

Rétablissons l’impôt sur la fortune. Taxons davantage les revenus au-delà de 100 000 euros annuels. Assurons la participation des plus grandes entreprises et contrôlons les aides publiques qui leur sont accordées. Favorisons l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Abrogeons la réforme des retraites et ouvrons un dialogue social. Attaquons-nous à l’optimisation fiscale, cette prime aux tricheurs, sanctionnons l’évasion fiscale. Relançons la croissance en revalorisant les salaires et le Smic.

Défendons le service public, héritier de la Résistance et du front républicain contre le fascisme, cible, depuis l’ère Reagan et Thatcher, du libéralisme et du marché. Les collectivités territoriales sont l’un des derniers remparts contre la casse des services publics. Comme maire de Pau, vous le savez. Renforcez leur autonomie financière, indexez la DGF sur l’inflation, supprimez le fonds de précaution qui prévoit de les ponctionner, actualisez le versement du FCTVA, redonnez-leur les compétences pour aménager le territoire et répondre aux besoins des populations, dans les outre-mer comme dans nos villes et nos villages.

Surtout, cessons le double discours de la complainte sur le territoire et de l’austérité imposée par les votes au Parlement, duplicité insupportable.

Vous appelez au dialogue, voire au compromis. Nous serons toujours au travail pour sortir de la crise politique. Hélas, votre immobilisme se traduit par la reprise du projet de loi de finances du gouvernement Barnier, pourtant censuré. Idem pour le PLFSS, objet du 49.3 qui déclencha la censure. Emmanuel Macron annonçait pourtant le 5 décembre dernier un nouveau budget... Aucune menace, mais un principe de vérité : un comportement similaire provoquera un résultat similaire. Vous devenez le porte-parole d’un gouvernement censuré.

Que le Président de la République accepte enfin le résultat des législatives, en permettant une vraie politique de rupture avec celle qu’il a conduite et qui mène la France vers le chaos institutionnel, économique et social.

CécileCuckierman

Présidente de groupe
Sénatrice de la Loire
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Les sept années de macronisme ont été utiles aux plus riches : les profits du CAC 40 ont explosé : 100 milliards d'euros en 2024 ! Le ruissellement s'est fait par torrents, mais vers le haut.

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