Les Français ont fait surgir la santé dans le grand débat. Il n’y a rien de surprenant à cela. Nos concitoyens vivent en effet douloureusement la destruction conjuguée des deux piliers de notre système d’accès aux soins que sont la médecine de ville – les déserts médicaux progressent de manière très inquiétante – et l’hôpital public, lequel est aujourd’hui à l’os et ne tient plus que grâce à l’exceptionnel engagement de ses personnels.
Personne n’acceptera que l’examen de la loi Santé se poursuive comme si de rien n’était. Personne n’acceptera qu’après avoir fait les questions de ce grand débat, vous en fassiez aussi les réponses !
Le conventionnement sélectif des médecins doit être décidé pour commencer à corriger au plus vite la démographie médicale en dissuadant de nouvelles implantations dans des zones surdotées. Des propositions ont été travaillées ici même en ce sens, elles peuvent rapidement voir le jour. Le système libéral étant incapable de se réguler, il est nécessaire que la puissance publique intervienne pour développer les unités employant des médecins salariés. Il faut donc aussi soutenir les centres de santé, portés notamment par les collectivités locales.
Il est enfin urgent non seulement de mettre fin aux fermetures de maternités et d’hôpitaux de proximité, mais également de rouvrir un certain nombre d’entre eux.
Comptez-vous prendre en compte ces propositions ? Si vous ne le faisiez pas, je pense que les Français ne croiraient définitivement plus à la sincérité de votre démarche. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice Céline Brulin, je connais vos positions sur le système de santé français. Il se trouve que ce cri des territoires, je l’ai entendu dès mon arrivée au ministère. La loi Santé répond exactement à la demande et aux besoins des Français aujourd’hui. Elle coordonne et structure une médecine et des hôpitaux de proximité. Telle est exactement la démarche que j’ai suivie. La seule question que je me suis posée est : comment rendre service à nos concitoyens, qui, aujourd’hui, s’inquiètent de ne pas trouver de médecin ?
Vous proposez une solution simpliste, toujours la même : la coercition des médecins.
Mme Cécile Cukierman. Il n’y a qu’à faire le tour des hôpitaux pour se rendre compte qu’elle n’est pas simpliste !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Je rappelle que seuls 15 % des médecins veulent s’installer en libéral aujourd’hui…
Mme Cécile Cukierman. Et quand on dit que les femmes ne peuvent plus accoucher dans les maternités, c’est simpliste aussi ?
Mme Agnès Buzyn, ministre. Nous aurons l’occasion d’en débattre.
Il est certain qu’il n’y a plus de zones surdotées en France. J’aimerais savoir quel sénateur ici accepterait de se départir d’un médecin…
Il nous faut organiser le territoire en imaginant une autre solution que celle qui consiste à déshabiller Paul pour habiller Pierre. Or c’est malheureusement la seule solution que vous proposez.
Mme Cécile Cukierman. Allez visiter les hôpitaux !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Enfin, j’ai bien augmenté le budget des hôpitaux cette année. Pour la première fois depuis dix ans, leurs budgets et leurs tarifs sont en hausse. Je redonne du souffle à nos hôpitaux publics.
M. Fabien Gay. On ne vit pas sur la même planète !