L’économie contemporaine est régie par la prime au vice : plus une entreprise a des pratiques délétères pour l’intérêt général, plus elle sera profitable. Si vous délocalisez pour produire là où les normes sociales et environnementales sont limitées, vous êtes plus compétitif. Difficile pour les entreprises qui veulent produire localement de s’en sortir. Ainsi des PME qui veulent produire en Europe du textile qualitatif, étranglées par la concurrence déloyale de la fast fashion. Avec la guerre commerciale de Donald Trump, le phénomène pourrait s’amplifier car faute de débouchés aux États-Unis, les produits chinois à prix cassé risquent d’inonder le marché européen.
Nos entreprises ont besoin de régulation pour être protégées. La loi anti fast fashion, adoptée à l’Assemblée nationale à l’unanimité en 2024, propose d’augmenter les contributions financières payées par ces entreprises dans le cadre de la RSE. Ce type de mesures réduirait la concurrence subie par les acteurs du made in Europe.
Méfions-nous de l’idée selon laquelle la régulation serait un fardeau entravant les entreprises. Ce n’est pas parce qu’il y a des accidents à certains carrefours qu’il faut supprimer les feux rouges ! C’est au contraire en régulant la vitesse qu’on fluidifie la mobilité. Les entreprises ont besoin de la régulation qui les protège du dumping environnemental et social, de la loi du plus fort et du moins scrupuleux.
L’Europe a tout intérêt à préserver la qualité de nos emplois, mais aussi de nos sols, de l’air et de l’eau. Pour cela, il faut des règles. C’est en incarnant une autre économie, sociale et écologique, que l’Europe restera une puissance mondiale.