Allez-vous enfin écouter notre peuple ?

Publié le 9 mars 2006 à 16:04 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,

Mardi 7 mars, les jeunes, les lycéens et les étudiants ont, par centaines de milliers demandé le retrait du projet de contrat première embauche soumis au Parlement par le gouvernement de M. de VILLEPIN.

Ils ont appelé à la résistance contre un projet de société fondé sur la précarité, l’individualisme et l’injustice.
Ils ont exigé des droits simples, mais forts : avoir métier, une vie digne, un avenir.
L’intervention de la jeunesse a souvent été déterminante dans l’histoire de notre pays. Sa mobilisation massive contre Le PEN au lendemain du 21 avril 2002, a porté dans un même élan la République et l’espoir de progrès. Vous ne pouvez l’ignorer.

Dès l’origine, le projet de loi relatif à l’égalité des chances était un projet rétrograde.

La suppression de l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans avec l’apprentissage à 14 ans et le travail de nuit possible à 15 ans, la sanction des familles par la suppression des allocations familiales suffisent à le rejeter.
Mais votre gouvernement a introduit, par amendement, ce contrat première embauche que non seulement la jeunesse, mais l’ensemble de notre peuple, le rejettent massivement.
Ce texte a été préparé sans dialogue aucun avec les partenaires sociaux et les organisations de jeunesse. Il a été adopté à l’Assemblée Nationale à la hussarde par le biais du 49-3, puis examiné en urgence au Sénat où tout a été fait pour élaguer le débat.

Or, le CPE, M. le Président, c’est la fin des garanties du code du travail pour les jeunes qui, durant deux ans, pourront être remerciés par leur employeur du jour au lendemain, sans motif, ce qui est, en outre, contraire aux engagements internationaux de la France.

C’est indigne de notre pays. Depuis des années, au prix de milliards d’euros offerts au patronat, on a multiplié les emplois précaires et les bas salaires, sans réduire pour autant le chômage.

Le CPE, c’est le retour au 19ème siècle dans les rapports entre patron et salarié, avec les jeunes pour « cobayes ».
M. le Premier Ministre, pour permettre à la jeunesse de garder confiance, le groupe CRC demande au Président de la République de ne pas promulguer le projet de loi relatif à l’égalité des chances et de permettre ainsi le retrait du projet de CPE ».

M. le Premier Ministre, je vais vous donner la lettre que nous adressons au Président de la République. Ma question est simple, allez-vous écouter notre peuple et remettre notre lettre au Président de la République avec un avis favorable ?

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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