GDF-Suez, un mensonge d’Etat

Publié le 5 octobre 2006 à 09:25 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

La privatisation de Gaz de France dont le principe a été voté par la seule UMP mardi dernier à l’Assemblée nationale, se fonde sur un véritable mensonge d’Etat : en 2004, Monsieur Sarkozy, Ministre de l’Economie et des Finances, avait promis le maintien de GDF dans le secteur public. Le ministre d’Etat, deuxième personnage du gouvernement, est ainsi pris en flagrant délit de mensonge.
Ce projet de loi, élaboré avec la complicité de la Commission européenne, dont le dogme est tout pour la finance, rien pour le public, est rejeté par les personnels (94% ont voté contre), par les usagers et par l’opinion publique.

Vous avez refusé d’examiner sérieusement les alternatives à la privatisation, telle que la fusion EDF-GDF dans un cadre public. C’est pourtant le bon sens.
Seul l’Etat peut préserver les entreprises des OPA et des financiers. L’indépendance énergétique, la sécurité, exige bien au contraire la nationalisation d’EDF et GDF.
Partout dans notre monde, ce sont les Etats qui prennent en charge le secteur clef de l’énergie et, vous voulez faire le contraire !

Tout au long du débat à l’Assemblée nationale, vous avez évité de répondre sérieusement à des questions essentielles : pourquoi légiférer aujourd’hui alors que nous ne savons toujours pas les conditions imposées par Bruxelles à l’opération de fusion.
C’est un chèque en blanc que les députés de l’UMP vous ont signé. Le problème c’est que l’argent du compte c’est le patrimoine industriel de la France.
Vous n’avez pas non plus répondu sur l’audit concluant à 20 000 suppressions d’emplois, à court terme, en cas de fusions GDF - SUEZ ?
Vous n’avez pas répondu non plus sur l’envolée prévisible des tarifs.

Monsieur le Ministre, Jacques Chirac lui-même a initié une réforme constitutionnelle en 1995, élargissant le champ du référendum au service public.
Le sacrifice du service public de l’énergie sur l’autel du marché ne justifie-t-il pas l’organisation d’un tel référendum ?

Les françaises et français ont montré avec éclat le 29 mai 2005, qu’ils répondaient présents lorsqu’on sollicitait leur avis.

Je vous demande, Monsieur le Ministre, de stopper l’examen de ce texte, que seul l’UMP soutient, pour permettre au Président de la République de consulter le peuple. Oui, il faut un référendum sur une question aussi importante que l’avenir énergétique de la France !

Yves Coquelles

Ancien sénateur du Pas-de-Calais

Ses autres interventions :

Secteur de l’énergie, GDF-Suez : conclusions de la commission mixte paritaire

Epilogue législatif, la majorité sénatoriale a approuvé en séance publique les conclusions de la commission mixte paritaire à propos du projet de loi relatif à l’énergie, qui privatise GDF avant sa fusion avec Suez. Au nom du groupe CRC, Yves Coquelle, sénateur du Nord, a souligné une nouvelle fois l’opposition totale des élus communistes à ce projet. "Nous sommes très inquiets des conséquences de la démission de l’Etat au regard de la politique énergétique. Alors que la garantie de l’indépendance énergétique de notre pays devrait être l’objectif, tout est fait pour saborder les opérateurs historiques GDF et EDF. Car ne nous y trompons pas, c’est bien de la préparation de la privatisation totale du secteur énergétique dont on parle. Au contraire, nous restons persuadés que la politique énergétique nécessite des outils de service public contrôlés par l’Etat, seuls à même d’assurer la continuité, la sécurité du service ainsi que la solidarité nationale."

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