"Alors que le Président de la République appelle à un réarmement démographique, les déserts obstétricaux s’étendent"

Fermeture des maternités de proximité

Publié le 9 avril 2025 à 10:30

Récemment, en Dordogne, une femme accouchait dans sa voiture, en pleine campagne, d’un bébé né avec le cordon autour du cou. Elle devait faire une heure et quart de route pour rejoindre la maternité de Périgueux, car celle de Sarlat, plus proche, ne pratique plus d’accouchements depuis octobre 2024.

Ce n’est pas un cas isolé. En cinquante ans, les trois quarts des maternités ont disparu. Or la mortalité néonatale est quatre fois plus élevée lors d’accouchements extrahospitaliers ou à plus de 45 km d’un établissement. Entre 1997 et 2019, le nombre de femmes en âge de procréer vivant à plus de 45 minutes d’une maternité a plus que doublé.

Alors que la mortalité infantile stagne, la Cour des comptes préconise de poursuivre les fermetures des petites maternités, renforçant le sentiment d’abandon des territoires ruraux. Alors que le Président de la République appelle à un réarmement démographique, les déserts obstétricaux s’étendent. Sous prétexte de sécurité, on met les parturientes en danger. Alors que nous manquons de praticiens, ces fermetures font fuir les gynécologues.

Allez-vous revenir sur cette vision purement comptable qui nuit au maillage de l’offre de soins et à la sécurité des mères et des enfants ?

Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi . - L’accès à une prise en charge périnatale de qualité en tout point du territoire est un sujet d’attention, alors que les maternités connaissent des tensions liées au manque de personnel soignant. Le ministre de la santé a rencontré les sénatrices Jacquemet et Guillotin, auteurs d’un rapport d’information sur l’avenir de la santé périnatale.

Lorsqu’une maternité ferme faute de personnel, l’ARS se mobilise, en lien avec les acteurs locaux, pour continuer à proposer un suivi de grossesse et une prise en charge postnatale à proximité.

Je réfute l’idée que nous fermons des maternités en raison d’un faible nombre d’accouchements. Une vingtaine de maternités à moins de 300 naissances par an sont maintenues dans des territoires isolés. Lorsque nous fermons une maternité, à contrecoeur, c’est pour la sécurité des mères et des nouveau-nés.

Des centres périnataux de proximité prennent le relais pour offrir un panel de soins et éviter de longs déplacements aux femmes et à leurs nouveau-nés. Ils sont plus d’une centaine. Par ailleurs, depuis 2019, un hébergement non médicalisé à proximité des maternités de référence est proposé aux femmes qui résident à plus de 45 minutes de là, financé par l’assurance maladie. Le ministre y est attentif.

Marie-ClaudeVaraillas

Sénatrice de Dordogne
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La mortalité néonatale est quatre fois plus élevée lors d'accouchements extrahospitaliers ou à plus de 45 km d'un établissement

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Entre 1997 et 2019, le nombre de femmes en âge de procréer vivant à plus de 45 minutes d'une maternité a plus que doublé

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