GDF-Suez : le débat qui s’ouvre souillé par un véritable mensonge d’Etat

Publié le 10 octobre 2006 à 15:54 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers Collègues,

Mon intervention se fonde sur l’article 36 de notre règlement.
Je tiens à souligner d’entrée mon étonnement d’entamer ainsi au Sénat une discussion sur un projet de loi qui vise à privatiser GDF, à libéraliser à terme l’ensemble du secteur de l’énergie.

Il y a deux ans, ceux qui privatisent aujourd’hui, votaient avec une certaine solennité le maintien de l’Etat dans le capital de GDF-EDF à hauteur de 70% afin de respecter les engagements pris, avec les organisations syndicales notamment.

Nicolas Sarkozy s’est engagé personnellement, à de multiples reprises, pour le maintien de ces deux grandes entreprises dans le secteur public.
Le Président de la République s’étant également exprimé dans ce sens.

Le débat qui s’ouvre est donc souillé par un véritable mensonge d’Etat. Notre peuple, les salariés d’EDF-GDF, les usagers ont été trompés.

Monsieur le Président, c’est l’honneur de nos institutions qui est engagé. Il n’est pas possible d’engager sereinement le débat sur la base d’un tel reniement.
Quelle perception de la politique cela peut-il donner ? Quelle confiance peut avoir le peuple à l’égard de ses représentants ?

Monsieur Breton, Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, ancien Président de France Télécom, nous explique, je le cite, que « les temps ont changés ».
En quoi, Monsieur le Ministre, l’augmentation du pétrole doit-elle modifier la participation de l’Etat à EDF-GDF ? Bien au contraire, les incertitudes nouvelles confirment le caractère stratégique de telles entreprises et donc la nécessité de l’implication du politique dans ce secteur.
Monsieur le Président, j’estime que Monsieur Nicolas Sarkozy, toujours membre du gouvernement, il en est même le numéro deux au rang de Ministre d’Etat, doit venir s’expliquer devant la représentation nationale, sur son invraisemblable retournement d’opinion.
Le débat est faussé par ce mensonge. Qui peut croire un instant que vous n’avez pas l’intention de privatiser demain EDF ? La parole du gouvernement a perdu toute crédibilité.

Nous ne pouvons assister les bras croisés à une liquidation sans précédent d’un secteur primordial pour l’indépendance énergétique de notre pays !
Monsieur le Président, je vous demande de suspendre la séance afin de permettre à Monsieur Nicolas Sarkozy, l’homme qui a promis le maintien de GDF dans le secteur public, de venir s’expliquer en préalable à cette discussion.

Si il y a une raison, ne serait-ce qu’une seule, qui justifie à ses yeux de nous avoir trompé, d’avoir trompé le peuple, qu’il vienne la présenter ici et maintenant !

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Michelle Demessine

Sénatrice du Nord
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