Le beurre, l’argent du beurre et les cuisses de...

Crise du lait

Publié le 2 septembre 2016 à 13:07

Le nom Lactalis a envahi les médias depuis quelques jours, inconnu au bataillon pour la plupart d’entre nous, la lumière se fait un peu plus sur la nature de ce grand groupe industriel du lait quand on cite certaines de ses très nombreuses marques commerciales : Matin léger, Rondelé, Président, Salakis, Bridélice... ça c’est pour la France car ce groupe leader mondial est aussi présent dans 56 pays et il est également le 2ème groupe fromager européen. Cette « surface » économique vaut d’ailleurs à son président directeur général, Emmanuel Besnier, de gérer une fortune de 7,6 milliards d’euros qui lui permet de figurer au 13ème rang des 500 premières fortunes de France (classement du magazine Challenges déjà évoqué ici).

Le groupe Lactalis ne brille pas par la transparence de ses comptes en préférant y compris payer l’amende plutôt que de se conformer à cette obligation légale. Les actuels actionnaires ont aussi bénéficié d’un étalement du paiement des droits de succession : 119 millions d’euros sur 14 ans, chiffre d’affaires de 17 milliards... le lait ça tourne bien pour certains !

Dans le même temps les producteurs qui se sont mobilisés ces derniers temps percevaient 26 centimes par litre pour un coût de production oscillant entre 35 et 40 centimes, inutile d’avoir fait Polytechnique pour comprendre la logique mortifère à l’œuvre. Entre 2000 et 2010 ce ne sont pas moins de 37% des exploitations laitières qui ont disparu. Le prix d’achat moyen d’une brique de lait demi-écrémé UHT en grande surface est de 78 centimes, 26 vont au producteur, 33 à l’industriel, 15 la grande surface et 4 à la TVA.

Fin des quotas laitiers en 2015, embargo contre la Russie en 2014, une agriculture libéralisée, de moins en moins régulée, autant de facteurs qui se conjuguent pour générer la crise sévère que nos producteurs connaissent. Leur combat est légitime, ils ne vivent plus de leur travail, si utile et si noble à la fois, celui qui consiste à nourrir l’humanité. L’agriculture est un véritable atout pour notre pays.

Pensez-y demain en buvant votre café au lait et en beurrant votre tartine au petit déjeuner.

Quant aux cuisses de la fermière... c’est une autre histoire !

Eric Bocquet

Sénateur du Nord
Voir le site Contacter par E-mail Suivre sur Facebook Suivre sur Twitter

Ses autres interventions :

Sur le même sujet :

Agriculture et pêche