Salariés et retraités payent la note

Publié le 17 octobre 2024 à 11:37

La discussion engagée sur le Projet de loi de finances s’annonce particulièrement difficile. Bruno Le Maire qui disait il y a quelques mois « J’ai sauvé la France au moment de la crise sanitaire », nous laisse une ardoise extrêmement lourde. À Bercy, entre 2017 et 2024, la dette s’est accrue de 1 000 milliards d’euros, franchissant allègement la barre des 3 000 milliards (3 228 milliards, pour être exact).

Le gouvernement de Michel Barnier nous présente l’addition qui est particulièrement salée. Pour nous faire avaler la pilule, il voudrait nous faire croire que « tout le monde » va participer au redressement des comptes publics. Il est à la recherche de 60 milliards, 20 milliards en impôts et 40 milliards en réductions de la dépense publique. Les riches vont-ils donc enfin payer ? Cette taxe « exceptionnelle et temporaire » concernera les 70 000 foyers fiscaux les plus riches et devrait rapporter deux milliards d’euros. Ils ne basculeront pas dans la pauvreté, le patrimoine global des 500 plus grandes fortunes de France est passé en dix ans de 400 à 1 200 milliards d’euros !

C’est surtout du côté de la dépense publique que les coups sont portés. Il en va ainsi de la décision de décaler la revalorisation des retraites de six mois. L’Éducation nationale, régulièrement présentée comme la « priorité », va subir la suppression de 4 000 postes. Pourquoi ne pas profiter de la baisse démographique pour améliorer le taux d’encadrement dans les classes et accélérer l’accompagnement des élèves en situation de handicap ?

Les collectivités seront, elles aussi, mises à contribution. Ce sont plus de six milliards d’euros qui leur seront retirés. Rappelons-le ici, les collectivités n’ont aucune responsabilité dans la flambée de la dette publique. Leur dette représente 8 à 9 % du total, et ce depuis trente ans. Elles empruntent pour investir et non pour fonctionner, et leurs budgets doivent être à l’équilibre. Enfin, elles sont un levier économique essentiel, car elles assurent 70 % de l’investissement public de notre pays. Elles sont ainsi les mieux placées pour relever les défis, y compris le défi climatique. Réduire leurs moyens est un non-sens économique !

C’est tout le logiciel fiscal et budgétaire qu’il faut changer. À quoi avons-nous assisté, ces dernières années ? À un véritable désarmement fiscal de l’État. Les gouvernements successifs se sont ingéniés à baisser et à supprimer les impôts. Jusqu’en 1987, il existait quatorze tranches d’impôt sur le revenu, cinq aujourd’hui. Supprimer la taxe professionnelle, en 2020, c’est moins 23 milliards ; l’impôt sur les sociétés qui pointait à 50 % jusqu’en 1986, ramené à 25 % sous Macron. Suppression de l’ISF, en 2017 ; plafonnement de la taxation sur les dividendes, qui battent des record chaque année ; suppression des impôts de production et de la taxe d’habitation. Nous ne vivons pas au-dessus de nos moyens, ce sont les gouvernements qui ont coupé les vivres à la République. Cette situation budgétaire nous place sous la tutelle des marchés financiers privés qui s’engraissent sur notre dette. Nous leur verserons cette année 55 milliards d’euros d’intérêt.

Il est plus que temps de retrouver notre souveraineté !

Eric Bocquet

Sénateur du Nord
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