Affaires culturelles
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
Vive le cinéma !
Conforter la filière cinématographique en France -
Par Jérémy Bacchi / 15 février 2024Le cinéma change au gré des évolutions technologiques et sociales, à nous de l’accompagner. Pour reprendre une référence cinématographique autant que littéraire, « il faut que tout change pour que rien ne change »...
Trois grands défis sont devant nous.
D’abord, assurer la pérennité de notre modèle de financement, qui repose sur un équilibre subtil entre flux financiers publics et privés et régulation. Cet édifice patiemment construit a fait la preuve de son efficacité, mais demeure fragile et doit sans cesse être régénéré.
Avec une chronologie des médias en négociation et des plateformes de streaming à mieux insérer, il y aura fort à faire pour promouvoir notre filière cinématographique, pourvoyeuse d’emplois et de richesse dans nos territoires. Nous défendons un modèle qui contribue à notre économie et au rayonnement des territoires. Je tiens également à souligner, comme l’a fort opportunément fait Catherine Morin-Desailly en commission, l’implication des régions dans le financement du cinéma.
Autre défi : la surproduction qui frapperait notre cinéma.
Notre rapport a étayé sur le temps long le constat d’une hausse de la production et d’un financement moyen par oeuvre en baisse. En conséquence, les films sont parfois trop peu travaillés en amont et insuffisamment exposés en aval. Ce débat est souvent source d’une mauvaise compréhension entre le monde du cinéma et le monde politique et économique.
Nous avons engagé le dialogue avec le CNC pour faire évoluer sans à-coup notre système et préserver le formidable potentiel des jeunes réalisateurs, sans renoncer à construire des grands succès populaires qui participent au financement de la création. Il n’existe pas de formule magique pour prédire un succès. Tout est question d’équilibre entre la nécessaire recherche artistique et un public qui ne demande qu’à découvrir des oeuvres ambitieuses - en témoigne le succès du film Anatomie d’une chute, de Justine Triet.
Enfin, nous devons favoriser la conclusion d’accords sur les rémunérations minimales. De tels accords ont été signés dans l’audiovisuel, mais achoppent encore dans le cinéma. Le Syndicat des scénaristes de cinéma s’inquiète : comme souvent, on espère un accord « avant Cannes », mais les négociations sont rendues complexes par la pluralité des parties prenantes. J’ai bon espoir, toutefois, qu’un accord soit conclu et trouve dans notre proposition de loi un puissant relais.
Fruit d’un travail au long cours, cette proposition de loi est attendue dans la profession, où elle rassemble une rare unanimité. Je remercie l’ensemble de nos interlocuteurs, avec qui les échanges ont été aussi intenses que passionnants, en particulier les services du CNC. Vive le cinéma !