Affaires économiques
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
À quand un budget ambitieux pour les travailleuses et travailleurs de la terre ?
Par Évelyne Corbière Naminzo / 11 décembre 2023Les hausses de crédits, indéniables, suffiront-elles ? En effet, l’agriculture fait face au triple défi de l’adaptation au changement climatique, de la transition écologique et du renouvellement des générations, à concilier avec la souveraineté alimentaire dans un contexte de crise et de concurrence exacerbée par les accords de libre-échange.
Il manque une vision stratégique pour préserver notre modèle d’agriculture familiale. Le soutien aux Maec et aux aides à la conversion baisse ; il manque 250 millions d’euros, alors que ce sont de précieux instruments de mutation. L’État n’honorera pas ses engagements envers les paysans qui ont signé un contrat en 2023 ; les CP sont en baisse pour 2024 : c’est inacceptable.
L’agriculture biologique traverse une crise due à la baisse de la consommation en raison de l’inflation. L’accès au plan d’urgence est si restrictif que les filières ont dû déporter une partie de la production bio vers les filières conventionnelles, entraînant une baisse du prix payé au producteur. La fin des aides au maintien de la PAC régionalisée fragilisera encore le bio. En étendant le bénéfice de l’écorégime à 90 % des exploitants, on dilue le soutien et on perd l’effet levier.
Les crédits à la planification écologique augmentent, mais seront-ils fléchés vers le technosolutionnisme dont nous connaissons les limites ? Il faut assurer la traçabilité des fonds publics.
Enfin, on nous répète à l’envi qu’il faut des aides à l’installation, mais le montant de l’aide complémentaire au revenu des jeunes agriculteurs n’est toujours pas connu, quinze jours avant son paiement. Il n’y a aucun budget pour l’installation, alors que nous sommes passés en quarante ans de 1 million d’exploitations à 400 000 !
Rien non plus sur l’attractivité, la rémunération des paysans ou le juste prix. Rien pour garantir à ceux qui nous nourrissent un prix juste et rémunérateur. Pire, votre réforme du RSA fait peser des risques sur les agriculteurs qui en bénéficient : combien seront contraints d’effectuer les quinze heures d’activité obligatoire, alors qu’ils travaillent sur leur exploitation ?
Comment parler de souveraineté alimentaire alors que les traités de libre-échange alimentent une concurrence déloyale et anéantissent tout espoir de relocalisation de notre agriculture ?
Glyphosate et chlordécone ne sont pas les seuls sujets des territoires d’outre-mer. Comment assurer leur autonomie alimentaire ? Ils vivent l’insularité comme un abandon de la République.
À quand un budget ambitieux pour les travailleuses et travailleurs de la terre ?