Affaires économiques
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
Écriture inclusive : la langue française plus forte que les normes
Par Pierre Ouzoulias / 30 octobre 2023Quel paradoxe : débattre de formes grammaticales que l’on n’entend pas et qui n’apparaîtront pas dans nos comptes rendus...
Personnellement, je ne sais ni lire ni écrire l’écriture dite inclusive ; quant à mon groupe, il est opposé à cette forme d’écriture qui complexifie la compréhension de la langue écrite.
Le jour de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts et trente ans après la loi Toubon, il eût été de bonne politique que nous profitassions de ce moment pour nous interroger sur le déclin de la langue française.
L’intelligibilité du discours public, aujourd’hui, est corrompue par les anglicismes et les barbarismes.
Historiens et juristes débattent encore pour déterminer si le « langage maternel français » cité par l’ordonnance de Villers-Cotterêts désigne le français ou les langues écrites en France.
Je remarque, cum grano salis, que cette proposition de loi se rapproche de la loi du 2 thermidor an II prise à l’initiative de Robespierre huit jours avant son exécution, selon laquelle tout acte rédigé dans une autre langue que le français ne pourrait être enregistré.
Aux termes de notre Constitution, la langue de la République est le français. Mais le français n’est pas la langue de toute la France. Un acte de normalisation ne doit pas ébranler le statut toujours fragile des langues régionales.
Le Conseil constitutionnel a censuré une partie de la loi Toubon, considérant que le législateur ne pouvait imposer l’usage de tel mot ou tel mot. Je doute que l’article 2 de la proposition de loi respecte cette jurisprudence.
Revient-il au seul législateur français d’édicter des normes pour les 300 millions de francophones, majoritairement des Africains ? La francophonie mérite mieux que cette querelle franco-française.
Ne souhaitant pas trancher ce débat inepte, nous ne participerons pas au vote, mais souhaitons un grand débat sur la loi Toubon et la place du français dans le monde.