Affaires économiques
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
Inflation : les rustines du gouvernement
Si vous voulez agir sur la hausse des prix, bloquez-les ! -
Par Marianne Margaté / 9 novembre 2023Comme nous l’avons dit lors de l’examen en séance de cette proposition de loi, nous ne pensons pas que la méthode retenue par le gouvernement fonctionnera et elle ne permettra pas de lutter effectivement contre la vie chère.
D’ailleurs, est-ce vraiment là l’objectif poursuivis puisqu’il nous ait dit à l’envie que nous ne retrouverons pas les prix de 2021, qu’il s’agit seulement de ralentir la hausse des prix. Or, aujourd’hui, on reste à des niveaux de prix supérieurs de 25 % à ceux de janvier 2022 !
Dès lors comment se contenter d’un ralentissement quand, et nous le répéterons autant de fois que cela sera nécessaire, la situation sociale créée par l’inflation entraine dans la pauvreté et la précarité près de 10 millions de personnes, quand la fin du mois arrive le 10, quand faire ses courses devient inaccessible ?
Comment continuer à regarder l’évolution du cours des matières premières et simplement proposer un ajustement à la marge, alors même que nous le savons tous, les prix de l’énergie ne reviendront pas à leur niveau de 2021, ces derniers restent deux fois plus élevés qu’avant la guerre en Ukraine. Et la hausse des tarifs réglementés de l’électricité, de 15 % en février puis de 10 % en août dernier, va se faire sentir très fortement. Ce sera encore près de 400 euros de plus par an pour des millions de foyers.
Comment ne pas reconnaitre que les mesurettes mises en place, comme le trimestre anti-inflation dont nous savons qu’il n’a pas eu d’effet, même le ministre Bruno Le maire le reconnait, ne suffisent plus !
En vous accommodant de rustines, vous laisse filer l’inflation et c’est encore une fois à la majorité de la population que vous demandez des efforts.
Alors même que les salaires n’ont pas augmenté, alors même que toutes les factures, les dépenses contraintes ont explosé. Manger à sa faim, si possible sainement, se chauffer, s’habiller, il faudra désormais choisir dans la 7ème puissance mondiale.
Cela est honteux, d’autant plus inacceptable, qu’aucun effort contraignant n’est demandé à la grande distribution et à l’industrie agroalimentaire. Il n’y a rien dans ce texte sur les superprofits, rien sur la répartition des marges, rien sur les superdividendes. Le Fonds monétaire international et de nombreuses autres institutions financières nous expliquent que 50 % de la hausse des prix est due aux profits.
Et c’est là que le bât blesse, depuis la LME (loi de modernisation de l’économie) et la concentration qui s’en est suivie dans la grande distribution, c’est un modèle oligarchique qui s’est mis en place ne permettant pas un réel partage de la valeur dans la chaine agroalimentaire. Et jouer avec les dates des négociations n’y changera rien.
Le libre jeu de la concurrence ne permet pas d’obtenir des baisses de prix, cela a été maintes fois démontrer avec la défaillance du marché de l’énergie.
Si vous voulez agir sur la hausse des prix, bloquez-les ! Attaquez-vous aux marges et si le pouvoir d’achat était une vraie urgence à vos yeux, pourquoi ne pas indexez les salaires sur l’inflation ? Les vraies urgences sont là !
C’est pourquoi nous voterons encore une fois contre ce projet de loi.