La RCA est un État fantôme, désintégré. Le pays est ravagé. Le
déploiement de la force Sangaris, décidé sans l’aval du Parlement français, alors que l’Union Européenne répond aux abonnés absents, a déjà montré toutes ses limites. Les massacres se poursuivent dans un contexte de nettoyage
ethnique. C’est dans ce contexte que s’inscrit le débat sur la
prolongation ou non de l’opération Sangaris en Centrafrique le mardi 25
février auquel j’ai participé.

La France en coordination avec le Tchad, qui considère la Centrafrique
comme son arrière-cour, a manœuvré au sein des instances internationales
et africaines pour s’imposer comme le principal protagoniste du conflit
centrafricain et ce au détriment d’une solution véritablement
multilatérale. D’autres scénarii étaient possibles avec notamment la
participation de l’armée sud-africaine déjà sur place et qui avait en2013
alerté à de multiples reprises du basculement de la situation dans
l’horreur. Cette façon d’agir de la France a jeté de l’huile sur le feu.
Une fois de plus elle joue au pompier-pyromane et empêche toute véritable
solution où les africains ne seraient pas de simples affidés ou
supplétifs.

Il faut au contraire aujourd’hui plus que jamais que la France mette
toute son énergie politique et diplomatique dans la construction d’une réponse
multilatérale d’urgence et de rétablissement de la paix sous l’égide de
l’ONU pour créer les conditions d’une issue au conflit, désarmer les
milices, avec un déploiement de forces de police, et permettre ainsi de
mettre un terme à Sangaris.

Malheureusement il n’en est rien.

Face à ce constat j’ai estimé, à l’instar d’autres parlementaires
communistes, qu’il n’était pas possible, dans ces conditions, de voter
pour la prolongation de l’opération Sangaris, et qu’il aurait été
irresponsable de demander le retour des troupes françaises en avril
prochain alors que rien n’est engagé pour assurer leur remplacement dans
un cadre réellement multilatéral. Mon abstention est motivée par une
volonté d’exiger des réponses urgentes aux questions soulevées par les
parlementaires communistes et du Front de Gauche. Je sais que cette
exigence est partagée par l’ensemble de mes camarades quel qu’ait été
leur vote lors de ce débat difficile et exigeant car il y aura une
perpétuation du conflit si l’on poursuit ce que l’on met en œuvre depuis 50 ans. Il faut clairement changer de paradigme de développement, de coopération
pour reconstruire un État et permettre au peuple centrafricain de reprendre
son destin en main, en se réappropriant les immenses richesses de son sol et
de son sous-sol.