Tribunes libres
Vendredi noir
Une espèce de braderie géante mais sans les moules ni les frites ! -
Par Eric Bocquet / 27 novembre 2020Le gouvernement a remporté une victoire éclatante contre Amazon la semaine dernière… Ils ont récupéré les impôts impayés de ce géant du numérique ? Non non, ne rêvez pas… ils ont obtenu que le « Black Friday » soit annulé… non non, ne rêvez pas, mais simplement reporté, on parle du 4 décembre. Il se dit que Bruno Le Maire a fait capituler Jeff Bezos, PDG d’Amazon, l’homme le plus riche du monde. Tout ça, c’est du vent !
De quoi s’agit-il ? Curieux comme l’expression « Black Friday » en anglais puisse susciter autant d’enthousiasme, alors que sa version française « Vendredi noir » pourrait nous filer le bourdon !
Ce fameux « Black Friday » prendrait ses origines dans la journée du 24 septembre 1869 aux Etats-Unis. Ce jour-là marque l’effondrement des cours de l’or. Deux financiers de Wall Street, Jay Gould et Jim Fish s’étaient organisés pour acheter un maximum d’or afin d’en faire monter les cours et le revendre ensuite. Exemple classique de spéculation.
Par ailleurs, cette journée marque le début de la période des achats de Noël, les commerces organisent donc des soldes pour attirer le chaland, une espèce de braderie géante mais sans les moules-frites.
Ce concept fut importé en France il y a quelques années (comme Halloween…) et évidemment, dans le contexte de pandémie et de fermetures des commerces de proximité, Amazon a toutes les chances de rafler la mise… d’où ces réactions légitimes des commerçants concernés.
Le chevalier Le Maire a donc revêtu son armure, empoigné son épée, enfourché son blanc destrier et porté l’assaut contre Amazon. Et obtenu donc… le report du « Black Friday » ! Quel exploit !
Il ne s’agit pas ici de revenir au Moyen-âge, de refuser le progrès, il s’agit de réguler, de contrôler, de l’imposer (fiscalement j’entends). Mettons le numérique au service du bien commun et menons les bons combats, toujours au nom de l’intérêt général.