Dans la continuité de la loi HPST

Editorial paru dans Initiatives n° 95.

Le projet de loi Santé sera examiné en séance au Sénat, lors de la rentrée parlementaire, en septembre prochain. Un texte majeur, attendu depuis des mois, et qui, malheureusement, ne rompt pas avec les logiques précédentes, notamment la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoire) dite loi Bachelot. En effet, la logique du gouvernement est, et demeure, la réduction des dépenses plutôt que la recherche de nouvelles recettes. Fort de cette injonction, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, a remis en cause les RTT donc les 35 heures !

Mais attachés à la qualité et à l’égal accès aux soins pour toutes et tous, les personnels de santé sont descendus dans la rue, dénonçant l’asphyxie de l’hôpital public et la dégradation continue de leurs conditions de travail. Ce projet de loi Santé est-il de nature à répondre à leur inquiétude ? On nous dit qu’il y aurait d’un côté les modernes- entendez les réformateurs- et de l’autre les ringards- ceux qui ne veulent rien changer.

S’il est parfaitement légitime de vouloir moderniser notre système de santé, afficher des objectifs de réduction drastique des moyens va à l’encontre des besoins recensés.
Des propositions novatrices, nous en avons ! Ainsi, pourquoi, ne pas supprimer la tarification à l’activité, qui reste une véritable plaie pour les hôpitaux publics ? Pourquoi, alors que le gouvernement annonce vouloir faciliter l’accès aux soins, en particulier pour les plus modestes, ne supprime-t-il pas les forfaits et les franchises comme notre proposition de loi l’y invitait ?Pourquoi ne pas s’attaquer réellement aux dépassements d’honoraires qui représentent encore aujourd’hui 7 milliards d’euros ? L’hôpital public se meurt, faute d’investissement. La privatisation de notre système de santé et de protection sociale est en marche avec la casse de la sécurité sociale, alors qu’on célèbre les 70 ans de celle-ci.

Ce projet de loi n’est pas de nature à changer la donne. En fait, tous les projets de loi du gouvernement sur la santé, le renseignement, le dialogue social et l’emploi, toutes ses lois Macron, NOTRe... ont un point commun, celui de dessiner une société ultra-libérale, où le vivre ensemble est mis à mal, où les libertés individuelles sont suspectes et surveillées, où les collectivités territoriales sont menacées. Aucun domaine n’est épargné par ce gouvernement qui renie depuis des mois les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice sociale.

Aussi, à l’Assemblée nationale, le gouvernement fait appel contre sa propre majorité au 49-3 pour faire passer la loi Macron tandis qu’il s’appuie sur les voix de la droite pour faire adopter ses textes au Sénat. Son refus de prendre des mesures qui taxent les revenus des plus riches, cette obstination à accorder des exonérations au grand patronat pour relancer l’emploi, n’améliorent en rien les conditions de vie du plus grand nombre. Pour la santé, comme pour l’éducation, la culture ou bien encore l’emploi, d’autres choix doivent être faits.

Et qu’on ne nous dise pas que les caisses sont vides ! 20 milliards d’euros ont été accordés au titre du Crédit Impôt Compétitivité Emploi, 6 milliards d’euros au titre du Crédit Impôt Recherche, sans parler des 80 milliards d’euros annuels d’évasion fiscale ! Contrairement à Alexis Tsipras qui tient les engagements pour lesquels il a été élu, François Hollande leur tourne le dos. Syriza en Grèce et Podemos en Espagne sont des espoirs qui se lèvent et qui nous confortent dans notre volonté d’ouvrir une alternative.

Cette autre voie à gauche, nous contribuons à lui donner vie lors de l’examen de chaque texte de loi prolongeant le combat de celles et ceux qui luttent.

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