Transfert du siège social de l’IFREMER à Brest

Transfert du siège social de l'IFREMER à Brest - Lettre au Premier Ministre

Monsieur le Premier Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur le transfert du siège de l’IFREMER à Brest.

En décembre 2013, dans un contexte de crise sociale en Bretagne, votre prédécesseur avait annoncé le transfert à Brest du siège de l’Ifremer actuellement en région parisienne. Vous-même avez ensuite repris cette volonté en proposant notamment de faire de Brest, un pôle mondial des sciences et technologies marines, de privilégier un équilibre entre les diverses régions et la capitale et d’accroître la proximité entre les équipes du siège et les laboratoires. 90 personnes sur 1400 agents répartis dans toute la France et outremer seraient concernés par ce changement.

Pourtant cette nouvelle organisation soulève quelques interrogations. En effet, Brest est déjà un grand pôle mondial de l’océanographie dont la qualité des missions scientifiques et opérationnelles n’est plus à démontrer. Les agents transférés seront pour la plupart dans les services administratifs, n’augmentant pas les capacités du centre IFREMER de Brest.

Par ailleurs, l’Ifremer est un organisme déjà fortement décentralisé puisque la Bretagne accueille une grande majorité de ces centres. A lui seul, le centre de Brest concentre la moitié des agents de l’Ifremer. Il serait également envisagé de fermer certains centres présents sur le territoire breton comme celui de Dinard et de La Trinité-sur-Mer. Sous couverts d’annonce de 90 emplois promis sur Brest, 30 emplois sont menacés par ces fermetures.

Cette délocalisation induirait un renouvellement des agents des fonctions supports et administratives de l’Ifremer, engendrant une désorganisation complète pour de nombreuses années. A titre d’exemple, l’IRD, l’Institut de Recherche pour le Développement, six années après la délocalisation de son siège à Marseille, subi toujours des déséquilibres dans son organisation et son fonctionnement. Il serait regrettable de réitérer les mêmes erreurs avec un institut indispensable à notre économie maritime si prégnante en Bretagne comme sur tous les territoires littoraux.

De plus, alors que les dotations aux collectivités locales se réduisent, l’opération de transfert vers Brest de l’Ifremer engendrerait un coût de 20 millions d’euros, supportés par ces dernières. Ce surcoût est intolérable alors que les collectivités sont contraintes de réduire leurs investissements puisque le transfert des compétences est insuffisamment compensé.

Les représentants des salariés Ifremer aux CHSCT, aux comités d’établissements et au comité central d’entreprise ont, quant à eux, rejeté quasi unanimement ce projet, tant à Paris qu’à Brest même.

Mon mandat m’invite à promouvoir et défendre les intérêts du Morbihan, de la Bretagne et de l’ensemble de nos concitoyens. L’arrivée de l’Ifremer à Brest pourrait être une bonne chose pour cette région. Mais celle-ci ne peut s’effectuer sans concertation et ne doit pas se faire au détriment des agents, des missions de l’Ifremer et des collectivités locales.

C’est pourquoi, je compte sur votre bienveillance pour reconsidérer cette proposition et veiller à un bon équilibre de la présence des centres Ifremer sur l’ensemble de notre territoire.

Je suis certain que vous saurez appréhender cette demande avec compréhension. Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’assurance de mes sincères salutations.

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