Un coup d’Etat qui ne dit pas son nom

Un coup d'Etat qui ne dit pas son nom - Brésil (Artem Beliaikin - https://www.pexels.com/fr-fr/@belart84)

Derrière les apparences légales, c’est un véritable coup d’Etat institutionnel auquel est confronté aujourd’hui le peuple brésilien, comme l’ont été, il y a peu, les peuples du Paraguay et du Honduras. C’est une remise en cause de la démocratie. La procédure de destitution en cours contre Dilma Rousseff n’est en effet justifiée par aucun motif d’atteinte à la constitution ou à la légalité. Et contrairement à ce qu’affirme un certain nombre de journalistes, la Présidente de la République Fédérative du Brésil n’est citée dans aucune affaire judiciaire. Contrairement à de nombreux élu-es-ceux-là même qui veulent la destituer- qui sont poursuivis pour corruption et enrichissement personnel.

C’est donc un coup politique, monté par une droite revancharde, qui n’a pas accepté la victoire du Parti des travailleurs lors de la dernière élection présidentielle. Une droite qui, lors de la procédure de destitution, a tenu à rendre hommage au colonel Ustra qui a personnellement torturé Dilma Rousseff durant la dictature. M’étant rendue en délégation parlementaire au Brésil en 2014, lors de la campagne de la présidentielle, j’ai pu constater les effets d’une politique qui a permis de sortir 40 millions de Brésiliennes et de Brésiliens de la pauvreté et fait de cette nation la 8e puissance mondiale. C’est justement contre cette politique que les forces de la réaction s’agitent aujourd’hui.

La destitution de Dilma Rousseff entrainerait une nouvelle crise sans précédant dont le Brésil aurait tant de mal à se remettre. Les sondages montrent, d’ailleurs, que 60% des Brésiliennes et des Brésiliens s’opposent à la procédure de destitution. Ils sont un million chaque semaine à manifester pour la sauvegarde de la démocratie.
Face à un coup d’Etat qui ne dit pas son nom, je suis très inquiète de cette entreprise de déstabilisation du Brésil dont l’objectif est d’affaiblir tous les mouvements progressistes et sociaux d’Amérique latine.

Présidente du groupe interparlementaire d’amitié France Brésil, j’ai tenu à exprimer à Monsieur Paulo C. De Oliveira, Ambassadeur du Brésil en France, toute mon amitié et ma solidarité envers le peuple brésilien.

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