Une Garantie jeunes qui n’a pas les moyens de ses ambitions

Accompagner les jeunes vers l’autonomie par l’emploi est une intention louable et surtout nécessaire. En effet, les chiffres sont assez dramatiques : quelque 25,7 % de chômage, soit 721 000 personnes à la recherche d’un emploi, et un jeune sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté. Ce constat fait de la France un mauvais élève européen ; il est plus que jamais nécessaire de modifier cette situation.

Faire de la jeunesse une priorité, comme l’a déclaré le Président de la République, passe par des mesures ambitieuses et en rupture avec la politique menée jusqu’à présent. D’ici à la fin de 2016, le Gouvernement évalue à 100 000 le nombre de jeunes en formation et veut engager 418 millions d’euros pour financer un droit universel à la Garantie jeunes bénéficiant à 200 000 personnes d’ici à 2017.

Quand on sait qu’il y a 900 000 jeunes sans emploi ni formation, on voit que l’on est encore loin du compte ! En outre, pour entrer dans ce dispositif, la sélection sera très rigoureuse, voire impitoyable, compte tenu du nombre insuffisant de places.

Ce dispositif d’insertion est piloté par des missions locales qui, comme chacun le sait ici, accompagne les jeunes à la recherche d’un emploi ou ceux qui sont demandeurs de formation sur une période d’une année. En échange, le jeune reçoit une allocation de 461,72 euros.

Le problème est que cette Garantie jeunes pèse de manière très importante sur les dépenses des missions locales. Ainsi, notre collègue député Jean-Patrick Gille, président de l’Union nationale des missions locales, a rappelé que le réseau des missions locales, dont vous renforcez les missions par cet article, a perdu 60 millions d’euros de moyens en deux ans, au moment même où les besoins sont de plus en plus pressants pour le 1,4 million de jeunes qui sont suivis.

De plus, si ce dispositif peut sortir des jeunes d’une grande détresse – c’est tout à fait positif –, il ne parvient pas à régler la question de l’insertion durable. Le CESE soulignait, dans un rapport rendu il y a un an, que 48 % des jeunes suivis sont en emploi ou en formation après une année, contre 38 % pour ceux qui ne bénéficient pas de la Garantie jeunes. Ce dispositif peine à toucher les jeunes en difficulté qui sont isolés.

Ainsi, cet article n’a malheureusement pas les moyens de ses ambitions et, surtout, il ne règle pas la précarité des jeunes. S’il est positif, il est aussi largement insuffisant.

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