Construction de barrages hydro-électriques au Brésil par le Groupe Engie

Monsieur le Ministre,

Nous nous permettons d’attirer votre attention sur la politique menée par l’une de nos entreprises nationales, Engie, ex GDF-Suez, au Brésil.

En effet, nous avons reçu, il y a quelques jours, une délégation du Mouvement des affectés des barrages (MAB) qui nous a exposé très clairement les conséquences tragiques de l’installation de barrages hydroélectriques, sur la vie quotidienne des populations.

Comme vous le savez, les ressources hydroélectriques du Brésil sont immenses, ce qui induit la construction de très nombreux barrages dans le pays. Si l’on peut y voir des retombées positives, il me semble urgent d’intervenir pour dénoncer et mettre fin à des pratiques qui bafouent les droits humains les plus élémentaires.

En effet, la construction de 400 barrages hydroélectriques a entrainé l’expulsion de plus d’un million de personnes de leurs maisons, de leurs terres, sans aucune indemnisation dans la grande majorité des cas.

Les populations locales, notamment des femmes, s’organisent pour faire respecter leurs droits, pour dénoncer des conditions de travail déplorables, pour dénoncer le prix fort de l’énergie que leur font payer ces mêmes entreprises, pour dénoncer les menaces, les violences qui leur sont faites. Nous précisons qu’une militante du MAB a été assassinée, en janvier dernier et que pour l’heure, les coupables n’ont pas été condamnés.

Certes, Engie n’est pas impliquée dans la construction et la gestion de la totalité de ces barrages, mais néanmoins de nombreux exemples existent et attestent d’un grave manque de respect envers les populations et les écosystèmes dans des projets où Engie est en première ligne, ou au sein d’un consortium.

Comment expliquer et accepter qu’aucune étude d’impact n’ait été réalisée alors même que des méga-projets voient le jour en pleine Amazonie brésilienne ?

Comment accepter que ces constructions se fassent au prix de la déforestation, de la contamination de l’eau, de l’épuisement des ressources naturelles ?

Comment tolérer que des pratiques mafieuses se développent autour de ces barrages avec l’assentiment de cette entreprise publique, puisque des « bons » sont offerts aux salariés afin d’aller voir des personnes prostituées ? Faut-il donc ajouter complicité au trafic d’êtres humains aux délits, pour ne pas dire crimes, précités ?

Sachant que l’Etat est le principal actionnaire d’Engie, avec 1/3 du capital, il nous semble important de lui rappeler ses devoirs en termes de responsabilité sociale et environnementale, dans la construction de ces barrages.

Au regard de tous ces éléments, nous souhaiterions que vous puissiez nous indiquer quelles garanties vous allez prendre pour qu’Engie modifie sa façon de concevoir ces chantiers qui s’apparent sur bien des points à un véritable scandale écologique et humain. Les intérêts financiers d’une entreprise ne peuvent primer sur le respect des populations locales et de leur environnement. Il en va de l’image de cette entreprise et de celle de notre pays.

Convaincues que vous partagerez notre approche, et dans l’attente d’une intervention de votre part, nous vous informons que nous adressons également copie de ce courrier à Madame la Ministre de l’Environnement ainsi qu’à la Ministre des Droits des Femmes. Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

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