La psychiatrie des mineurs en souffrance

La Mission d’information sénatoriale sur la situation de la psychiatrie des mineurs vient de rendre son rapport. Laurence Cohen et Christine Prunaud, qui y participaient pour notre groupe, tiennent à saluer la qualité des auditions et l’ampleur du travail accompli.

Tout en partageant un certain nombre de préconisations, elles regrettent, toutefois, que le rapport ne réponde pas à la gravité de la situation car il y a urgence ! Comment ne pas entendre l’appel du Professeur David Cohen, chef de service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui qualifie la pédopsychiatrie comme étant "le tiers monde dans la République" ?

Alors que la psychiatrie française a toujours été le fer de lance de pratiques innovantes, hors les murs, favorisant la coopération entre tous les acteurs - ce que l’on appelle la psychiatrie de secteur - les politiques de restrictions budgétaires menées depuis des années mettent cruellement à mal cette discipline.

Les professionnels dénoncent, à juste titre, leurs conditions de travail qui se dégradent, les protocoles administratifs qui font perdre le sens de leurs missions et qui se font au détriment de la prise en charge des patients.

De partout monte un cri d’alarme : 166 psychiatres et médecins du centre hospitalier Le Vinatier, dans la banlieue lyonnaise, dénoncent la "paupérisation globale de l’offre de soins", 300 personnels de santé se mettent en grève au centre hospitalier Alpes Isère pour exprimer leur colère et leur indignation.

Alors que les besoins d’accès aux soins de proximité sont toujours plus importants, les structures d’accueils (Centres de Protection Maternelle Infantile, Centres Médico-Psycho-Pédagogiques, Centres Médico-Psychologiques) ne bénéficient toujours pas de moyens suffisants et subissent des regroupements qui, non seulement, les éloignent de leurs patients mais risquent de provoquer des ruptures de soins.

Les recommandations de la mission d’information ne sont pas à la hauteur de la situation.

Il faut rompre avec les choix politiques et budgétaires qui démantèlent la pédopsychiatrie.

Il faut, comme le propose le Collectif des 39, mettre en œuvre une loi cadre en psychiatrie, avec en son sein la pédopsychiatrie.

Une psychiatrie humaniste qui place l’individu au cœur du système de soins, organisée en secteurs contre la logique des Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT).

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