Ce système a fonctionné dans notre pays pendant des années

Lettre au Ministre de l’Agriculture

Monsieur le Ministre,

Depuis de nombreux mois, notre agriculture est traversée par une crise profonde dont les agriculteurs sont les premières victimes. Des filières à bout de souffle comme les productions laitières, volaillères, perdent espoir pour leur avenir tant leur situation très grave, ne s’améliore pas.

L’Agriculture façonne nos territoires ruraux qui eux aussi vacillent dans cette tempête subie par le monde agricole. Les difficultés du monde rural liées à l’agriculture sont nombreuses et malheureusement s’installent durablement dans des secteurs de vie ressentant déjà une forme d’abandon ou de manque d’attention des pouvoirs publics. La désertification des communes rurales éloignées des ville est en marche.

Face aux aléas économiques en agriculture, il faut imaginer des solutions pérennes et efficaces. Au-delà des indispensables outils de régulation, nous pouvons aller plus loin en prenant l’exemple du quantum, une prime aux premiers volumes produits. Mis en place en France pour le blé en 1945, les 50 premiers quintaux de blé vendus par chaque exploitation étaient payés à un prix fort garanti par l’Etat, le reste obéissait aux lois du marché.
Ce système, appelé « paiement différencié », a fonctionné dans notre pays pendant des années. Il s’agirait donc d’utiliser le budget consacré aux primes PAC pour un complément de prix. Il serait réservé à la première tranche de production chez chaque producteur ou éleveur. Le quantum, le prix garanti aux producteurs serait l’addition du prix du marché et du complément du prix. Ce système permettrait de sécuriser et de sauver nos petits et moyens agriculteurs tout en respectant le droit européen. Il aurait le mérite de mieux maîtriser les volumes produits, facteur de déstabilisation.

Le montant de la Politique Agricole Commune, plus de 7 milliards d’euros, peut et doit être utilisé afin que tous nos producteurs aient un travail rémunéré à sa juste valeur. Elle ne doit pas être un pilier d’un système économique qui pénalise avant tout les agriculteurs mono-actifs, dépendants de leurs fournisseurs, poussés année après année à un endettement trop important qui les mène trop souvent à la cessation d’activités et quelquefois dramatiquement au suicide.

C’est pourquoi, le monde agricole a besoin en urgence de votre écoute et de votre action. Connaissant votre attachement à la promotion de notre ruralité et la défense de notre agriculture, je suis certain que vous saurez appréhender avec bienveillance ses craintes au sein de vos nouvelles responsabilités.

Il n’y aura pas de développement durable et solidaire sans une orientation nouvelle construite avec l’ensemble des acteurs. Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de mes sincères salutations.

Retour en haut