« Le gouvernement fait le choix du durcissement  »

« Le gouvernement fait le choix du durcissement » - Article relatif aux droits des étrangers (Airam Dato-on - https://unsplash.com/@airamdatoon)

Entretien par Emilien Urbach / Journaliste
Humanité 3 janvier 2018

Christine Prunaud, Sénatrice des Côtes-d’Armor (PCF), annonce une rentrée parlementaire délicate mais combative sur la question du droit des étrangers.

Sénatrice du groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste), membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Christine Prunaud a envoyé, le 8 décembre dernier, un courrier au ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, dans lequel elle dénonce l’intensification de la logique répressive à l’égard des étrangers et de leurs soutiens. Trop occupé sans doute à rédiger son projet de loi, ce dernier n’a toujours pas répondu à l’élue de la nation. Laquelle invite à amplifier les actions de solidarité avec les exilés, afin de donner de la force au combat parlementaire qui s’annonce sur les droits des étrangers.
Les citoyens solidaires des exilés font l’objet d’une criminalisation accrue. Quelle peut être l’action des parlementaires pour contrer cette logique répressive ?
Christine Prunaud Tous les parlementaires du groupe CRCE sont intervenus individuellement sur la question du « délit de solidarité ». Nous prévoyons de le faire collectivement dès la rentrée. Il faut parvenir à imposer son abrogation, bien sûr. Mais, là-dessus, les rapports de forces dans l’Hémicycle ne sont pas en notre faveur. La majorité semble ne rien vouloir lâcher et le projet de loi sur l’immigration est inquiétant sur beaucoup d’autres points.
Lesquels ?
Christine Prunaud L’allongement de la durée de rétention, les contrôles dans les centres d’hébergement d’urgence, le sort réservé aux mineurs non accompagnés… On se dirige vers une rentrée terrible sur les droits des étrangers. D’autant qu’il va falloir aussi combattre la proposition de loi présentée par la droite sur le placement en rétention des « dublinés »…
Vous n’affichez pas un grand optimisme…
Christine Prunaud Parce que sur le terrain il est de plus en plus difficile d’agir. Les préfets, par exemple, veulent un durcissement de la loi. Mais il ne faut pas lâcher. Partout, de nombreuses personnes accueillent chez elles des exilés en bravant la répression. Dans les Côtes-d’Armor, j’interviens régulièrement pour soutenir des associations, batailler aussi sur le sort des mineurs étrangers isolés. Le gouvernement veut sortir ces jeunes de la protection de l’enfance. Tout en se défaussant complètement sur la société civile pour les prendre en charge, et en mettant des bâtons dans les roues à ceux qui les aident. C’est inacceptable
Emilien Urbach - Journaliste

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