Ce projet est incohérent avec les engagements de la France en matière d’environnement

Ce projet est incohérent avec les engagements de la France en matière d'environnement - Mine de la « Montagne d'or » en Guyane

Question écrite n° 05450
Publiée dans le JO du Sénat le 07 juin 2018

Monsieur Fabien Gay attire l’attention de Monsieur Nicolas Hulot, Ministre d’Etat, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, sur le projet de mine d’or industrielle « Montagne d’or » en Guyane, qui ne semble viable a aucun niveau.

Au niveau environnemental, il est classé Seveso seuil haut et situé entre deux réserves biologiques intégrales, à moins de cinq cent mètres de l’une d’entre elles et dans une zone comportant des espèces protégées. De proportions gigantesques, il comporte des risques avérés pour l’environnement sur plusieurs plans : dépense électrique colossale, utilisation de fuel, d’explosifs, toxicité des quarante-six mille tonnes de cyanure pour l’extraction d’or, risque de rupture des digues maintenant les déchets et écoulement des boues cyanurées comme au Brésil en 2015 ou en Roumanie en 2010, déforestation du site et autour de la piste le reliant à Saint-Laurent du Maroni, etc. La population sur place se mobilise contre ce projet, et de nombreuses associations, fondations ou organisations non-gouvernementales de protection de l’environnement se sont prononcées contre sa réalisation.

Par ailleurs, ce projet n’est pas viable socialement. La compagnie minière indique que la construction et l’exploitation, jusqu’en 2034, génèreraient sept cent cinquante emplois directs. Cependant, ces emplois ne sauraient contribuer à la résolution des problématiques de chômage sur le territoire, puisqu’ils ne seraient pas pérennes et ne risqueraient de concerner que des emplois peu qualifiés, quand bien même les embauches auraient effectivement lieu sur le territoire, ce qui n’est pas nécessairement le cas sur d’autres projets similaires, par exemple au Suriname. Les peuples autochtones doivent par ailleurs être consultés dans la décision de la réalisation ou non de ce projet, qui aurait un impact direct et considérable sur leur vie.

Enfin, en termes économiques, le projet se base sur des estimations du cours de l’or et de la rentabilité attendue plutôt optimistes, comme le souligne un rapport du World Wide Fund for Nature (WWF). Comme tous les sites miniers d’une envergure comparable, il risquerait en outre de favoriser l’orpaillage illégal, qui s’implante à la périphérie de ce type de sites et en récupère les miettes. Les aides publiques prévues pourraient être mobilisées dans l’optique d’un réel développement des emplois en Guyane, en s’appuyant sur des ressources renouvelables et des savoir-faire locaux, ainsi que sur une riche culture ancestrale. En l’occurrence, la part que récupèrerait la Guyane ne serait pas même équivalente à l’argent public qui serait injecté dans le projet.

Interdire l’extraction d’hydrocarbures sur le territoire mais autoriser de gigantesques sites miniers, extrêmement polluants, alors que les besoins de l’industrie en or sont fournis par le recyclage et que l’or nouvellement extrait concerne principalement en partie la joaillerie, et surtout, le stockage en banques, semble extrêmement contradictoire. D’autant plus lorsque le projet concerné ne va pas dans le sens des engagements de la France en matière d’environnement, et ne va pas dans le sens d’un développement respectueux et pérenne de l’emploi et du territoire de Guyane.
Il souhaiterait donc connaître la position du ministre sur ce projet.

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