La cause des Kurdes nous concerne tous

Avec l’autorisation de Trump, la Turquie est entrée en guerre dans le Nord-est de la Syrie.

Au mépris du droit international, Erdogan attaquent les kurdes, et qualifie cette invasion militaire d’« opération source de paix » : le comble du cynisme !

La paix, c’est pourtant ce que tentaient de faire ces combattantes et combattants kurdes dans la province du Rojava. Après avoir lutté avec la coalition internationale contre DAESCH, les kurdes du nord syrien demeurent le symbole d’une tentative d’un Etat libre, laïque et démocratique au Moyen Orient. Rappelons-nous bien, que si l’état islamique n’existe plus aujourd’hui, c’est en grande partie grâce eux.

La montée d’un nettoyage ethnique, la fin de l’autonomie des Kurdes, la négation de leurs droits, seraient selon Erdogan une nécessité vitale pour la sécurité de la Turquie. La sécurité des Kurdes, elle, vient de voler en éclats en même temps que la création de cette fameuse zone de sécurité. Pour eux, cette zone de sécurité équivaut à une zone de péril et de mort. Depuis le début de l’offensive turque, on compte plus d’une centaine de morts et de blessés et 160 000 civils déplacés dont 70 000 recensés par l’ONU à ce jour.

L’offensive de la Turquie contre les forces kurdes et démocratiques syriennes soulève légitimement l’indignation.

L’abandon programmé des kurdes syriens ne constitue pas seulement une faute morale, mais une faute stratégique.

Pour protéger leur vie, les Kurdes ont accepté un pacte avec Bachar Al Hassad via la Russie. Mais la Russie de son côté laisse faire Erdogan.

Etats-Unis ou pas, Russie ou pas, Erdogan avance inlassablement, se moquant totalement de la coalition internationale, de l’ONU et de l’OTAN, en s’alliant sans vergogne avec des milices islamistes contre les kurdes.

Pourquoi se priverait-il ? A chacune de ses offensives, pas d’anticipation pour gérer le conflit autrement, ni de sanction réelle de la communauté internationale ! Le jeudi 24 octobre, les « sanctions de Trump » sont déjà levées.

Les kurdes en Syrie seraient favorables au plan allemand visant à créer une zone de sécurité sous contrôle international dans le nord du pays. Cela signifie t’il un déploiement d’une force internationale ? Mais laquelle ?

Dans tous les cas le peuple Kurde n’a plus de territoire, ou si peu, dans la dite zone de sécurité, maintenant établie de fait. Les kurdes survivront-ils à cette guerre par procuration ?

Ces hypocrisies doivent cesser. Tout comme notre participation à l’OTAN, avec des alliés qui ont tourné le dos à nos amis Kurdes. L’OTAN n’est qu’un espace de marché, les Alliances d’hier sont modifiées comme un jeu de carte, dont les kurdes sont les premières victimes.

Le Groupe CRCE persiste dans sa volonté d’installer un couloir humanitaire avec interdiction de survol aérien par la Turquie et d’exiger un cessez-le feu. Pour cela, des sanctions financières lourdes, un blocus, une mise au ban de la Turquie peuvent être appliqués : les avoirs personnels de Recep Tayyip Erdogan doivent être saisis. Et la Turquie est un important partenaire commercial de l’Union européenne. Nous avons donc les moyens d’agir.

Plus largement, l’Europe doit faire preuve d’unité, de détermination et de cohésion. Emmanuel Macron a annoncé au Conseil européen une éventuelle rencontre à Londres entre Boris Johnson, Angela Merkel, lui-même et Erdogan afin de colmater les brèches et reconstituer une coalition.

La Diplomatie est décidément un art difficile à comprendre ou du moins à suivre ! La cause des Kurdes nous concerne tous.

Face à l’urgence de la situation faut-il désespérer de l’influence de notre gouvernement dans ce conflit ?

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