La crise sanitaire télescope les difficultés de nos territoires ruraux

"Monsieur le Haut Commissaire,

Au delà du fait que la crise sanitaire que nous vivons depuis un an nous invite à réfléchir à la relocalisation de la production des médicaments, elle télescope également, il faut le dire, des difficultés de longs termes de nos territoires ruraux, fragilisés par la réforme territoriale et la concurrence des métropoles.

Sur le plan démographique, un solde naturel négatif qui n’est pas compensé par le solde migratoire ; des effectifs scolaires en baisse ; un vieillissement de la population ; et et des services publiques en berne. Comme beaucoup d’autres départements ruraux, le mien, la Dordogne - qui est l’un des plus beaux départements de France - souffre d’une désertification médicale qui nous fait craindre des difficultés croissantes d’accès au soin. 0.8 médecins pour 1000 habitants, et dont la moitié va atteindre l’âge de la retraite. Nous savons que cette désertification médicale ne sera pas compensée avant plusieurs années par la fin du numerus clausus, qui ne met d’ailleurs pas fil à la sélection dans les universités.

Les élus locaux que nous sommes, communes, PCI, départements, seuls et ensembles font preuve d’initiatives et d’investissement colossaux pour intervenir autant que faire se peux l’attractivité de ces territoires. Du numérique financé certes avec l’aide de l’Etat mais aussi par un apport trés important du département et des collectivités, en passant par le financement d’une navette ferroviaire, la création d’une maison de santé, les bourses aux étudiants, les aides financières aux étudiants en médecine pour essayer de les garder, à l’agriculture, aux circuits courts, à la création de zone d’activité , l’aide au sport, à la culture, nous élus et nous faisons d’un engagement qui mérite d’être souligné tant la tâche est compliquée.

La crise sanitaire semble réhabiliter notre ruralité et ses grands espaces puisque nous constatons l’arrivée même si elle n’est pas massive de néo ruraux, qui veulent implanter de l’agriculture biologique, etc...

Comment comptez vous, Monsieur Bayrou prendre en compte toutes ces problématiques et convaincre qu’une nouvelle politique d’aménagement du territoire équilibrée est nécessaire pour prendre en compte ces inégalités territoriales criantes sur nos territoires responsables, il faut bien le dire, du sentiment d’abandon ressenti par la population et qui par voie de conséquence, il faut bien le dire aussi, se traduit par une augmentation importante du vote abstentionniste ou extrême, très remarquable sur nos départements ?

Enfin ne pensez vous pas que l’État doit garder la main sur ce que nous nommons nos biens communs à savoir, la santé précisément, le transport, l’énergie a fortiori dans le contexte qui est le nôtre de la lutte contre le réchauffement climatique ?"

La réponse du Haut commissaire au plan : https://www.youtube.com/watch?v=v6GkLCoIGgo

Retour en haut