Réforme de l’éducation prioritaire

Question n° 22899 adressée à Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l’éducation prioritaire

Mme Laurence Cohen interroge Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l’éducation prioritaire, sur les moyens accordés à l’éducation nationale d’une manière générale et à l’éducation prioritaire plus spécifiquement. En effet, sept syndicats viennent de s’adresser au ministre de l’éducation nationale pour demander la tenue d’un collectif budgétaire afin de répondre aux besoins de l’enseignement public, tant en investissement qu’en fonctionnement. Alors que le système scolaire est perturbé depuis plus d’un an du fait de la pandémie, il devient plus qu’urgent de permettre notamment le remplacement des enseignantes et enseignants. Le nombre d’heures perdues pour les élèves est très volumineux et engendre des retards d’apprentissage importants. Il est incompréhensible que la rentrée 2021 soit envisagée avec la suppression de 1 800 emplois dans les collèges et les lycées. Au-delà des enseignants, les établissements scolaires ont besoin de personnel administratif et technique, d’infirmières et infirmiers, de personnel de vie scolaire, etc. Il est également incompréhensible que, sous prétexte de baisse démographique, des classes ferment, alors que cette baisse pourrait être mise à profit pour diminuer les effectifs par classe. Les organisations syndicales demandent également des moyens supplémentaires pour réaliser les investissements nécessaires dans la rénovation et l’aménagement des bâtiments afin de diminuer la circulation du virus SARS-Cov2 (aération, purificateurs d’air, équipements en capteurs de CO2…). Elle lui demande donc comment elle entend répondre à ces attentes. Quant à l’éducation prioritaire, la réforme prévue suscite beaucoup de mécontentement. Certes, le maillage territorial des zones d’éducation prioritaire est aujourd’hui insuffisant et insatisfaisant, puisque 70 % des élèves socialement défavorisés ne sont pas scolarisés en réseau d’éducation prioritaire (REP) ou REP+. De nombreuses écoles ayant toutes les caractéristiques des établissements en REP ne bénéficient pas du dispositif éducation prioritaire (leur collège de secteur ne remplissant pas les critères) et ne disposent donc d’aucun moyen supplémentaire. L’expérimentation prévue pour la rentrée inquiète car elle est prévue à moyens constants, et beaucoup craignent qu’il s’agisse en réalité de mettre fin à l’éducation prioritaire. La contractualisation, qui sous-tend une certaine concurrence, sera désormais la règle, plutôt qu’un travail en réseau, ce qui apparaît, à juste titre, comme une régression. Aussi, elle lui demande si elle entend intégrer automatiquement dans les REP, les écoles situées dans des quartiers « politique de la ville » ou des communes percevant la dotation de solidarité urbaine (DSU) ou la dotation de solidarité rurale (DSR). Elle lui demande également comment elle entend renforcer la formation des enseignants en REP et affecter des remplaçants en plus grand nombre. Mieux doter ces établissements, diminuerait considérablement les dérogations à la carte scolaire et les phénomènes d’évitement, donc renforcerait l’égalité entre les élèves.

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