Logements insalubres : il est grand temps d’améliorer les conditions de vie des habitants les plus défavorisés

Monsieur le Préfet,

Les récents incendies meurtriers survenus dans des immeubles vétustes parisiens soulèvent non seulement la question du droit au logement pour tous, mais aussi et peut-être surtout du droit à un logement digne et salubre pour tous.

En Mai 2003, Marseille connaissait un drame similaire à ceux de Paris avec l’incendie de l’hôtel meublé de la rue des Trois-Mages dont le bilan est resté dans les mémoires : 13 morts dont 2 enfants.
Ou plus récemment, l’effondrement du toit d’un immeuble rue de Rome qui a fait 1 mort et 7 blessés.

Nous ne sommes pas à l’abri d’autres catastrophes et pour les prévenir, ainsi que je le soulignais lors du Conseil Municipal de juillet dernier, il est grand temps d’améliorer les conditions de vie des habitants les plus défavorisés en menant de sérieux travaux de réhabilitation de l’habitat ancien et enrayer ainsi un processus de dégradation évident.

Incontestablement, un écart énorme existe - et se creuse - D’un côté, l’investissement immobilier privé n’a jamais été aussi rentable. Et de l’autre, une offre de logements qui ne peut répondre aux besoins de près de la moitié des marseillais parce qu’elle est tout simplement inaccessible, tant en locatif qu’en accession à la propriété.

Bien entendu, cette crise du logement public et de l’offre sociale à Marseille participe fortement au fait que les gens les plus défavorisés sont contraints de vivre dans des « logements » dangereux proposés par certains propriétaires peu scrupuleux et autres marchands de sommeil qui exploitent des situations de grande précarité.
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Face à l’explosion du prix du foncier et à la pénurie de logements sociaux, des mesures concrètes et durables doivent être prises en urgence, notamment insuffler une politique volontariste en la matière. Les systèmes actuels sont grippés et les pouvoirs publics en sont fortement responsables, principalement pour n’avoir pas suffisamment anticipée cette crise.

S’agissant de Marseille, ce sont 50 000 familles, soit près de 120 000 personnes, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et sont concentrées pour l’essentiel dans le centre ville et dans les 13, 14 et 15ème arrondissements, là où se trouve la grosse part du parc HLM.

Nous pouvons craindre le pire pour demain si les seules réponses qui seront apportées sont celles de descentes de police musclées, d’expulsions et autres menaces quand il s’agirait de décider de la réquisition des logements vides, de mettre un terme aux expulsions qui mettent des familles entières à la rue.

De plus, les propos de M. SARKOZY, Ministre de l’Intérieur, visant à stigmatiser des populations déjà fragilisées et à les rendre responsables de leurs propres malheurs en faisant un amalgame entre immigration et mal logement sont non seulement indignes d’un Ministre mais de surcroît n’apportent aucune solution face à de tels drames. Par contre, c’est incontestablement faire le jeu de l’extrême droite qui n’a d’ailleurs pas tardé à s’engouffrer dans cette brèche comme en témoignent les récentes déclarations de M. LE PEN.

Aussi, je souhaiterai connaître, Monsieur le Préfet, quelles actions, en tant que représentant de l’Etat garant de ce droit au logement et de la cohésion sociale, vous envisagez diligenter pour solutionner une situation préoccupante, voire qui a atteint un seuil critique ?

Dans cette attente,

Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à l’assurance de mes salutations distinguées.

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