4 propositions pour lutter contre les déserts médicaux

4 propositions pour lutter contre les déserts médicaux (Cottonbro - https://www.pexels.com/fr-fr/@cottonbro)

La proposition de loi du groupe « Les Républicains » visant la Formation des internes en médecine générale permet d’avoir un débat sur les réponses publiques à apporter face aux difficultés d’accès aux soins.

Comment accepter, en effet, que 30% de la population française vit dans un désert médical ? La difficulté pour prendre un rendez-vous avec un généraliste en secteur 1 n’est plus une situation spécifique aux territoires ruraux, elle concerne désormais également les territoires péri-urbains et urbains.
Ainsi, la région IDF est le premier désert médical de France : 62,4 % de la population francilienne, soit 7,6 millions de personnes, ont du mal à accéder à des médecins trop peu nombreux.
Les maires sont soumis à rude épreuve pour trouver une solution coûte que coûte !
Il faut redire que depuis 20 ans, les gouvernements successifs ont refusé de supprimer le numerus clausus et d’augmenter le nombre d’étudiantes et d’étudiants en médecine.
L’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn reconnaissait elle-même dans une tribune au journal Le Monde que le numerus clausus avait été desserré de façon trop progressive et que je cite : « on a perdu plus de quinze ans ».
Depuis 2017, le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a pourtant pas corrigé la tendance puisque le remplacement du numerus clausus par le numerus apertus n’a pas significativement augmenté le nombre de médecins formés.
Fautes de moyens financiers et humains supplémentaires pour les universités, le nombre d’étudiant·es en médecine est passé de 9 300 en 2020 à seulement 11 180 en 2021 alors que les besoins sont plus importants, les patients étant plus âgés et souvent atteints de poly-pathologies.
Dans ce contexte, la proposition de loi du Groupe Les Républicains d’ajouter une 4eme année pour les internes en médecine non seulement ne résoudra rien mais au contraire va démotiver et précariser les internes.
Tout d’abord sur la méthode, l’ajout d’une 10eme année d’étude sans avoir ouvert de négociations avec les internes revient à mettre la charrue avant les bœufs.
Une réforme de la formation des internes nécessiterait de discuter du contenu pédagogique et du rythme des études, de réfléchir à la prise en compte de l’épuisement professionnel qui touche les 2/3 des internes, à la revalorisation de leur statut, aux mesures pour lutter contre les comportements sexistes lors des stages dénoncés par l’association des étudiant·es de médecine. Je veux rappeler ici qu’1 interne a environ 3 fois plus de risque de se suicider qu’1 jeune du même âge et qu’en 2021, il y avait eu une campagne #Protège ton interne !
Cette proposition de loi est en déconnexion totale avec la réalité des internes. Elle ne réglera ni la pénurie des médecins ni l’aspiration des jeunes médecins qui souhaitent, à juste titre, pouvoir pratiquer la médecine en conciliant davantage leur vie familiale et personnelle.
Aujourd’hui, la majorité des nouveaux médecins aspirent à exercer leur activité de manière salariée, en équipe et dans un territoire muni d’un hôpital de proximité et non pas en libéral comme le privilégie cette PPL. Il faudrait donc favoriser la réalisation de stages et l’installation dans les centres de santé.
L’incitation à effectuer des stages dans les territoires sous - dotés ne va pas entrainer mécaniquement l’arrivée de 3 900 internes dans les déserts médicaux.
Les incitations fiscales à l’installation ont démontré leurs limites puisque seulement 400 médecins par an sollicitent les 50 000€ proposés pour s’installer dans un territoire sous – doté.
Les internes qui souhaiteraient effectuer un stage dans un désert médical, devront être encadrés par un médecin sénior alors que par définition les déserts médicaux sont dépourvus de médecin ou pour le moins manquent de médecins disponibles.
De plus, l’ajout d’une année supplémentaire en stage va créer une année blanche d’installation de nouveaux médecins.
Enfin, les critères d’attractivité pour les jeunes médecins font cruellement défaut, puisque les politiques d’austérité menées ces 20 dernières années, y compris par la droite, ont entrainé la fermeture des hôpitaux et maternités de proximité, et la disparition des services publics de proximité.
Selon nous, la réponse politique est multiple. Mais, dans le temps qui m’est imparti, je vais privilégier 4 propositions qui me semblent majeures :
• Augmentation des moyens des universités pour former davantage de professionnels de santé,
• Développement de centres de santé,
• Rétablissement de la permanence médicale la nuit et le weekend en abrogeant le décret Mattei et en revalorisant les gardes, de tous les soignants, dans le public et le privé.
• Mise en place d’un conventionnement sélectif dans les zones sur-dotées
Mes Cher·es Collègues, vous êtes loin du compte avec votre PPL aussi, les sénatrices et sénateurs du groupe Communiste républicain citoyen et écologiste voteront contre cette proposition de loi, tout comme nous voterons contre l’article 23 du PLFSS qui prévoit un dispositif similaire.

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