Un budget de la solidarité pas à la hauteur de la situation

La mission Solidarité, Insertion et Égalité des chances finance l’ensemble des politiques en faveur des travailleurs pauvres, des enfants, des familles vulnérables, des personnes dépendantes ou en situation de handicap, de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Avec près de 30 milliards d’euros, les crédits de la mission progressent de 2 milliards d’euros par rapport à2022.

L’examen des crédits en faveur des personnes les plus fragiles dans un contexte social extrêmement préoccupant avec un fort taux de chômage, avec plus de 10 millions de personnes pauvres et un taux d’inflation de plus de 6 % doit nous alerter.

Les prix flambent et les pertes en pouvoir d’achat sont considérables pour une large majorité de la population.

Les indicateurs sont au rouge pourtant, le Gouvernement refuse de regarder cette réalité en face et refuse d’augmenter le Smic, de rétablir l’impôt sur la fortune ou de taxer les superprofits.

L’augmentation des inégalités sociales dans notre pays entre les plus riches et les plus précaires porte un coup de canif à notre pacte social.

Face à la crise de la pandémie le gouvernement a été capable de débloquer 200 milliards d’euros pour les entreprises et aujourd’hui, alors que des millions de famille peuvent basculer dans la précarité ou la grande précarité, seulement 2 milliards d’euros supplémentaires seront versés aux personnes handicapées, aux jeunes sans emploi et aux personnes vulnérables ?

Les crédits de la mission progressent principalement en raison de la revalorisation anticipée des prestations sociales de 4% intervenue au 1er juillet 2022 alors que le niveau de l’inflation sur l’année 2022 approche les 5%. Cela veut dire que les ménages les plus précaires ont perdu du pouvoir d’achat en 2022.

Le niveau de l’inflation est qualifié par la Banque de France de jamais vu depuis les années 1980 mérite un investissement public à la hauteur des besoins ce qui n’est malheureusement pas le cas.

Notre groupe ayant déposé des amendements sur cette mission je concentrerai mon propos sur les jeunes et les moyens de contrôle des Agences Régionales de Santé.

Comment pouvons-nous nous satisfaire des crédits de la stratégie interministérielle de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes quand Insee indique que dans notre pays près de 3 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté et selon l’Unicef que 8 000 enfants vivent dans des bidonvilles ?

L’Etat doit assurer à toutes et tous les moyens de vivre dignement et en particulier des jeunes.

Nous savons que des milliers de jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance sont obligés de dormir à l’hôtel en raison du désinvestissement de l’Etat et des départements des établissements d’accueils.

L’Etat n’est pas présent aux côtés de ces jeunes qui subissent la violence des réseaux de prostitution et de rackets.

Pour les plus jeunes la situation est inacceptable mais pour nos anciens elle n’est guère meilleure.

Le gouvernement se vante d’augmenter les crédits de personnel de contrôle des Ehpads des Agences Régionales de Santé après l’affaire Orpéa.

Mais les 50 inspectrices et inspecteurs qui seront recrutés en 2023 ne remplaceront pas les 2 000 postes supprimés depuis 2010, dont 400 entre 2014 et 2021.

En 20 ans, la politique de réduction de personnel a entrainé une baisse de 30% des effectifs des corps d’inspection et une baisse de 39% des médecins inspecteurs.

Le renforcement des contrôles nécessiterait de revoir à la hausse les moyens des Agences Régionales de Santé pour compenser ces pertes mais aussi pour renforcer les effectifs des conseils départementaux chargés du financement des Ehpads.

Pour l’ensemble de ces raisons, notre groupe votera contre les crédits de la mission pour 2023.

Retour en haut