Pour la reconnaissance du génocide des Assyro-Chaldéens

Pour la reconnaissance du génocide des Assyro-Chaldéens (Artem Beliaikin - https://www.pexels.com/fr-fr/@belart84)

Pour Walter Benjamin, le progrès humain ne peut se réaliser tant que justice n’a pas été rendue aux victimes des persécutions. Nous devons aux Arméniens qu’une instance juridique internationale établisse les faits et les culpabilités.

Comme les Juifs de la Shoah, les Bosniaques de Srebrenica, les Tutsis du Rwanda, les victimes de l’Empire ottoman - Grecs pontiques, Arméniens, Assyro-Chaldéens - doivent être reconnues par un tribunal pénal international sous mandat des Nations unies.

La recherche a montré que le génocide de 1915 n’est pas un accident, mais la phase paroxystique d’une administration de plus en plus criminelle des minorités ethniques et religieuses de l’Empire ottoman. Celles-ci représentaient près de 19 % de la population ottomane en 1914, contre 0,2 % aujourd’hui.

L’État turc moderne s’est construit autour du sunnisme et de la turcité en éliminant les minorités : les chrétiens, puis les Juifs expulsés de Thrace en 1934 et les minorités de l’islam - chiites, alaouites, alévis, ces derniers victimes des massacres de Sivas en 1993 et Istanbul en 1995.

Le traité de Sèvres promettait un territoire autonome aux Kurdes, offrant en son article 62 des garanties complètes aux Assyro-Chaldéens et autres minorités dans ce territoire. Mais la France et le Royaume-Uni s’empressèrent de remplacer ce traité par celui de Lausanne, abandonnant Arméniens et Kurdes à leur triste sort au profit du projet kémaliste de « stabilisation et d’homogénéisation éthnoreligieuse », qui se traduisit par l’expulsion de tous les Grecs d’Asie mineure, dont le tiers périt avant leur arrivée en Grèce. Le génocide des Grecs de Turquie ne doit pas être oublié. (M. Rachid Temal, Mmes Valérie Boyer et Jacqueline Eustache-Brinio acquiescent.)

Le ministre de la justice d’Atatürk déclarait en 1930 : « Que tous les amis, les ennemis et aussi les montagnes sachent bien que le maître de ce pays, c’est le Turc. Ceux qui ne sont pas de purs n’ont qu’un seul droit dans la patrie turque, c’est le droit d’être le serviteur, c’est le droit à l’esclavage. »

La France alla jusqu’à accepter l’opprobre de céder à la Turquie le Sandjak d’Alexandrette, part de la Syrie mandataire. Les 50 000 Arméniens et Grecs qui y vivaient prirent alors le chemin de l’exil.

Dans votre résolution, vous écrivez que la France a un devoir historique et moral de protection des minorités chrétiennes d’Orient. L’histoire nous enseigne malheureusement qu’elle ne l’a assumé que lorsqu’il pouvait satisfaire ses ambitions géopolitiques. Ce pragmatisme sans scrupules a aggravé l’affaiblissement des minorités, à commencer par les Assyro-Chaldéens.

Minorité parmi les minorités, oubliés parmi les oubliés, les Assyro-Chaldéens ont subi les conséquences de cette histoire tumultueuse.

La France, en reconnaissant le génocide arménien, ne les a pas ignorés ; mais cette résolution a le mérite de les associer plus distinctement à l’hommage rendu à tous les morts du génocide. (Applaudissements sur toutes les travées, à l’exception de celles du GEST et du RDPI)

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