Ce n’est pas d’un nouveau choc de compétitivité dont a besoin la "ferme France"

Si nous ne partageons presque rien du contenu de cette proposition de loi pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France présentée par la droite sénatoriale, il a au moins une vertu : parler de la France rurale, cette France des paysannes et des paysans qui se sentent ignorés, voire conspués alors qu’ils remplissent une mission d’intérêt général et sont seuls face à la transition climatique.

Ils sont les premiers sacrifiés dans les traités de libre-échange.
N’opposons pas agriculture conventionnelle et agriculture biologique.

La première, de grande qualité, nourrit une grande majorité de la Nation, et est souvent stigmatisée. Il faut produire toujours plus, toujours mieux et toujours moins cher, face à des pays dont les normes sont inférieures aux nôtres. On ne soigne pas le libéralisme par l’ultralibéralisme. C’est tout le système qu’il faut changer : nous devons sortir du schéma de l’agrobusiness.

Ne raillons pas l’agriculture biologique, mais aidons-la pour qu’elle soit accessible à toutes et tous ; demain, elle deviendra la norme.

Attaquons-nous plutôt à la puissance des centrales d’achat et des industriels. De l’autre côté de la chaîne, il faut augmenter les salaires des consommateurs.

Continuer à appauvrir les sols avec des pesticides ne relève pas d’une vision de long terme.

Les drones n’y changeront rien. Rejeter l’avis de l’Anses n’est pas sérieux : si cette instance avait existé il y a 40 ans, nous aurions interdit le chlordécone aux Antilles.

Conditionner le versement du RSA à 15 ou 20 heures de travail agricole ne va pas dans le bon sens. On ne résoudra pas le départ à la retraite de la moitié des exploitants agricoles avec ces solutions d’un autre temps. Il faut moderniser les pratiques !

Déjà quatre villages sont privés d’eau : il n’est pas sérieux de généraliser les projets de bassines, car l’eau est un bien commun et doit sortir du secteur marchand.

Il faut sortir des traités de libre-échange : nous voulons commercer, mais sur une base équilibrée.
Le Gouvernement prétend être exemplaire, évoquant les clauses miroirs. Mais voyez l’accord conclu l’an dernier avec la Nouvelle-Zélande : ce pays est le premier importateur mondial de tourteaux de palme, une monoculture qui conduit à la déforestation des forêts primaires. On encourage ailleurs ce qu’on interdit chez nous ! Nous allons importer des milliers de tonnes de viande contenant des produits phytosanitaires interdits en Europe depuis des années, car cancérigènes. Voilà ce que sont les clauses miroirs...

S’il y a bien un scandale, c’est que le CETA s’applique à 90 %, sans ratification du Parlement. Puisque le Gouvernement refuse d’inscrire cette ratification à l’ordre du jour, nous vous faisons une proposition : inscrivons le projet de loi dans l’un de nos espaces réservés et votons contre ! Cela redonnerait du pouvoir au Parlement, si souvent piétiné par ce gouvernement, rendrait un grand service aux agriculteurs et ouvrirait une nouvelle ère pour nos relations commerciales. Chiche ?

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