Le gouvernement préfère les prisons aux écoles

par Robert Bret

En présentant son plan « prison », le gouvernement - par les voix respectives de MM. PERBEN et BEDIER - concrétise sa politique qui fait de l’enfermement l’axe principal de son action en faveur de la lutte contre la délinquance, notamment juvénile.

Au lendemain de la journée internationale des droits de l’enfant et de la remise par la défenseure des enfants de son rapport annuel, nous étions en droit d’attendre de la part du gouvernement des actions beaucoup plus ambitieuses en direction de notre jeunesse.

Renforcer la prévention de la délinquance juvénile passe notamment par la lutte contre l’échec scolaire, l’illétrisme, les violences scolaires, les violences familiales ainsi que par l’amélioration de la santé publique envers les enfants et les adolescents.
Sans nier la nécessité de rénover le parc immobilier pénitentiaire ou encore celle de séparer les mineurs des majeurs au sein des établissements pénitentiaires, je suis pour autant très inquiet du projet de société qui est en train de se dessiner à l’horizon.
Une telle politique est en parfaite contradiction avec les conclusions des deux rapports d’enquêtes parlementaires auxquelles j’ai pu assister.

La première sur les conditions de détention en France qui concluait qu’il fallait incarcérer moins pour incarcérer mieux ; la seconde sur la délinquance des mineurs qui insistait sur le volet éducatif de l’ordonnance de 1945.
Alors même que chacun à s’accorde à dire que la prison est une école de la récidive, qu’il convient de privilégier les peines alternatives et multiplier les libérations conditionnelles, le gouvernement fonce tête baissée vers le « tout-sécuritaire » et le « tout-carcéral ».

Une société qui ne propose comme moyen de lutte contre l’insécurité qu’une réforme du code pénal avec son corollaire indispensable à savoir : l’augmentation des places de prison est une société en échec.

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