Garde d’enfants de mères incarcérées

Intervention de Robert Bret au Conseil municipal de Marseille

Monsieur le Maire,
Chers Collègues,

Cette délibération a pour objet de reconduire une action, menée depuis 1999 et dont le bilan a été jugé extrêmement positif.
Il s’agit de l’accueil dans les crèches municipales : Beauvallon, Beaume-Colgate et la Pointe-Rouge, des enfants âgés de moins de 18 mois et dont les mères sont détenues au centre pénitentiaire des Baumettes.

Au-delà de cet âge, je constate avec satisfaction que si la situation de l’enfant le nécessite, priorité sera donnée aux enfants des détenues de poursuivre une fréquentation jusqu’à 3 ans.

Cette offre de garde permet à la fois à l’enfant de prendre ses repères dans la société en dehors de tout environnement carcéral, et à la mère d’avoir une démarche d’insertion.
Il s’agit donc là d’un rapport positif que nous voterons bien volontiers.

Nous apprécions d’autant plus cette démarche qu’elle change sensiblement du climat sécuritaire actuel alimenté, de surcroît, par les mesures proposées par M. Sarkozy dans son projet de loi relatif à la sécurité intérieure.

Dans la mesure où on développe un tel climat sécuritaire, il ne faut pas s’étonner ensuite du refus ou de l’absence de consensus - émanant tant de l’opinion publique que des élus - face à des projets d’implantation tels que des centres de réinsertion pour jeunes délinquants, ou encore des centres fermés pour mineurs délinquants et des prisons pour mineurs comme annoncés par exemple par le Garde des Sceaux lors de sa récente venue à Marseille.

Notons, par ailleurs, que les droits des personnes, incarcérées : qu’il s’agisse des mineurs, des femmes, des hommes, ne passionnent pas les foules.
En effet, alors que l’année 2000 a vu poindre un intérêt certain pour les conditions de détention, avec notamment la publication du livre de Madame Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé, qui, à l’époque, avait suscité une réelle émotion., cet intérêt est malheureusement vite retombé.

A l’époque, s’en étaient alors suivis nombre de colloques, d’articles de presse, de documentaires traitant de ce thème jusqu’aux très sérieux rapports d’enquête parlementaires d’où est ressorti un consensus, toutes tendances politiques confondues, pour dénoncer ces conditions inhumaines et demander une réforme pénitentiaire.
Cette réforme n’a malheureusement jamais vu le jour.

Or, il faut savoir que la situation des femmes en prison - à l’image d’ailleurs de ce qui se passe dans la société - est sans doute la plus préoccupante.
Je terminerai mon propos en exprimant une inquiétude : au regard du renforcement de notre législation pénale, tel qu’opéré par le gouvernement, qui aura inéluctablement des conséquences en terme de surpopulation carcérale, il y a hélas fort à craindre que le nombre de places réservées aux enfants de mères détenues dans les crèches limité à 3 par crèche (soit 9 au total) se révèle très vite insuffisant.

En effet, on compte déjà à la prison des Baumettes 4 bébés âgés de moins de 18 mois et nous savons que deux autres naissances sont prévues pour le début de l’année 2003.
Ce qui porte à 6 le nombre d’enfants à placer dans les crèches sur les 9 réservées. Je m’interroge : que se passera-t-il pour le 10ème bébé ? Devra -t-il rester en détention ?

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