Sondages électoraux

Sondages électoraux (Bass_nroll - https://www.flickr.com/photos/bass_nroll/)

Intervention générale de Robert Bret

Une nouvelle fois, en moins d’un mois, notre Assemblée débat des sondages électoraux.

Il ne s’agit évidemment pas, de s’opposer aux études d’opinion : elles existent et sont publiées par les nouveaux moyens d’information, réseaux câblés de télévision, télévision par satellite et internet jusqu’aux heures précédant les scrutins.

Il ne s’agit pas non plus de critiquer les sondages en eux-mêmes. Ils participent, d’une certaine manière, à la vie démocratique. Ils sont une source d’information pour les citoyens et un moyen d’élaborer ou de préciser une stratégie pour les partis politiques.

Les parlementaires s’étaient opposés, en 1977, à la restriction de la publication des sondages.

Cependant, depuis un quart de siècle, la crise de la politique s’est accentuée, nourrie par trop de désillusions, ainsi que par les « affaires ».

Telle est la toile de fond de l’abstention.

J’ajoute que les tentatives de bipolarisation de la vie politique écartent toute alternative réelle pour les citoyens. La présidentialisation de notre système politique pousse dans cette direction.

La campagne électorale qui s’engage n’échappe pas à cette règle : les deux candidats placés d’emblée en « pole position », sont si incontournables, qu’ils n’ont nul besoin de se déclarer.

Cette évolution de la vie politique met fondamentalement en cause le pluralisme.

Peut-on nier que l’utilisation à répétition de sondages depuis plusieurs mois en lieu et place du débat d’idées joue un rôle dans la construction d’un vote par procuration ?

Il ne s’agit pas de mettre en cause les sondages eux-mêmes, mais bien d’alerter sur leur maniement. J’appelle à une plus grande rigueur déontologique et à une désacralisation. Les sondages peuvent comporter une marge d’erreur : on l’a vu en 1995.

Ils ne sont qu’un instrument, comme l’a rappelé M. Sueur. Nous pouvons faire pleinement confiance aux citoyens qui, sont d’une grande prudence face à la déferlante de chiffres contradictoires.

Oui, ils sont majeurs&#133 et vaccinés !

La seule bonne raison qui pourrait justifier une interdiction des sondages avant une élection serait l’impossibilité de réparer le préjudice causé par la manipulation de l’opinion publique à partir d’un sondage biaisé.

Il revient à la commission des sondages de vérifier leur loyauté et de prendre les décisions qui s’imposent, afin d’assurer leur objectivité et leur qualité. Elle a tout pouvoir pour veiller à l’application de la loi et avec respect du principe constitutionnel d’égalité devant la loi ce sont certains journaux qui se sont inquiétés.

La non-publication des sondages la veille et le jour du scrutin ne doit pas vous exonérer, vous Parlementaires, d’une grande vigilance envers ces outils qui peuvent être dévoyés de leur mission originelle.

Ces remarques étant faites, le groupe C.R.C. votera ce projet.

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