Traitement et élimination des déchets

Intervention de Robert Bret au Conseil de Communauté Urbaine

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

L’année 2002 prend fin. Et, suivant le calendrier arrêté par le Préfet, nous aurions dû, comme toutes les autres structures intercommunales, réfléchir et proposer une stratégie de traitement et d’élimination des déchets.
Où en sommes nous ? Quels choix allons nous faire ?

Le 26 février 2002, les services de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole ont remis un dossier à la commission consultative du suivi du plan départemental d’élimination des déchets.
On peut notamment y lire :

« Selon les prescriptions du Plan Départemental d’Elimination des Déchets, il s’agit de conduire deux démarches en parallèle :

1) Développer au maximum sur le territoire communautaire les collectes séparatives (en porte-à-porte et par apport volontaire) pour encourager tous les recyclages ou les traitements spécifiques, afin de limiter la quantité de déchets à traiter par valorisation thermique,

2) Engager la conception et la réalisation d’un équipement ultramoderne de tri et traitement des déchets sur le territoire de l’agglomération marseillaise garantissant la protection de l’environnement ».

Depuis, le travail engagé sur le projet d’agglomération devrait permettre de préciser plus concrètement l’articulation des objectifs ; ce que l’on entend par équipement ultramoderne de tri et de traitement des déchets ; le calendrier de réalisation et de financement des démarches. Mais nous sommes toujours dans l’attente d’un débat.

Certes, nous ne sommes pas restés sans rien faire, plusieurs délibérations votées permettent d’améliorer nettement les conditions d’acheminement et de traitement des ordures ménagères sur le site de La Crau.

De la même manière la collecte sélective se fraye timidement un chemin, particulièrement à Marseille au milieu de réelles difficultés qui font mesurer l’ampleur de l’effort matériel et humain à réaliser.

Mais il faut constater que l’alternative proposée à la décharge de la Crau n’est toujours pas abordée clairement.

Dès lors, faut-il s’étonner que des voix s’élèvent, pour savoir ce que nous entendons faire de nos déchets ?
Faut-il s’étonner que les rejets et les peurs ressurgissent ?
L’absence de réponse ne peut que leur donner de l’ampleur.

D’autant qu’avec le vote du dernier Conseil d’Administration du Port Autonome de Marseille un pas vient d’être franchi vers le projet du Groupe SUEZ en zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, (projet qu’au nom du Groupe Communistes et Partenaires j’ai pensé utile de porter à votre connaissance).
Avec un "Ecosite" englobant le traitement des déchets par une capacité d’incinération pouvant aller jusqu’à 700 000 tonnes/an - ce qui confère au projet une dimension de caractère régional voire au-delà - et une production d’énergie de 1000 à 1500 mégawatts par an, le projet de ce groupe affiche l’ambition de se positionner sur le marché en concurrence avec l’opérateur public national.

Certaines rumeurs font même état d’un deuxième site d’incinération voisin.

Notre Groupe entend d’ailleurs interpeller le Préfet sur ce projet, au regard des objectifs environnementaux fixés par le plan départemental d’élimination des déchets. Nous le ferons dès cet après-midi au cours d’une délégation en préfecture à laquelle je me rendrais avec d’autres élus communistes du Département. Car l’enjeu est bien à ce niveau, Départemental voire Régional.

Car avant même que soient connues les stratégies de collectes sélectives et de traitement des déchets des différentes communes et EPCI, sur leurs territoires, on positionnerait de fait l’incinération à très grande échelle comme un réponse globalisante (on est pas loin d’une filière "tout incinération").

Autrement dit, le débat pourrait demain se résumer au lancement d’un simple appel d’offre à passer entre les collectivités ou les EPCI et le ou les opérateurs.
Si tel était le cas, vous conviendrez qu’il s’agirait d’une singulière réponse aux préoccupations qu’expriment nos concitoyens.

Pour toutes ces raisons nous estimons, Mesdames et Messieurs les Conseillers Communautaires, le débat nécessaire au sein de notre institution.

Voilà pourquoi, Monsieur le Président, nous demandons qu’une prochaine commission Déchets-Propreté-Eau-Assainissement traite des choix stratégiques de Marseille Provence Métropole pour les mettre en débat en Bureau et en Conseil de Communauté.

Si rien n’est bouclé, comme vous avez pu l’exprimer, Monsieur le Président, dans la presse quotidienne régionale, examinons alors sereinement ensemble toutes les pistes possibles, sans en refuser aucune à priori, et en déterminant ensemble quel doit être dans cette affaire le niveau de maîtrise de service public.

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