Réalisation de la voie rapide S. 08

Intervention de Robert Bret au Conseil de Communauté Urbaine

Au moment où nous allons voter sur cette délibération pour mettre en œuvre la réalisation de la voie rapide S.08 (rebaptisée plus joliment "boulevard urbain de l’Étoile"), je souhaiterais rappeler combien ce projet plus que controversé a fait l’objet depuis son origine d’une opposition active des riverains concernés et du mouvement associatif.

Un projet bloqué depuis près de 10 ans. Un projet contesté jusque dans les rangs de votre majorité puisque Jean-François MATTEI lui-même écrivait en juin 93 : "la fonction routière de cette voie ne se justifie nullement&#133La S.08 ne manquera pas de créer d’importants dysfonctionnements à ses deux extrémités".

Pour notre part nous restons convaincus que l’on va effectivement ajouter des problèmes de circulation à d’autres problèmes de circulation, notamment sur l’axe Sakakini-Fleming alors qu’il existe une solution alternative immédiate qu’il conviendrait de prioriser.

C’est tellement vrai que la délibération proposée présente ce "contournement routier" comme "un complément au redéploiement de l’offre de transports en commun, et notamment le prolongement de la ligne de métro n° 1" (La Rose Château-Gombert).

Or, le calendrier de mise en œuvre qui nous est proposé, aboutit en réalité à passer la vitesse supérieure pour l’automobile et à rester au point mort pour cette offre vitale de transports en commun que sont le métro ou le tramway.

En effet, la prolongation du métro de La Rose à Château-Gombert, quelques centaines de mètres en surface, un projet prêt depuis des années, porté par la R.T.M, le Ministère des Transports, la D.D.E, et bien cette prolongation n’aura pas lieu&#133en tout cas pas avant 2007 ! au mieux !

Chers collègues, c’est un non-sens économique, social, écologique pour les 4000 riverains qui auront à subir les nuisances de cet axe routier, pour cet environnement exceptionnel généré par le jarret, véritable écosystème qui est appelé à disparaître si on venait à réaliser cette S.08.

Pourquoi continuer à détruire ce que par ailleurs, plus au sud pour un autre cours d’eau qui s’appelle L’Huveaune, on revalorise ?

D’autre part, c’est un non-sens pratique à l’égard des raisons d’accessibilité évoquées pour cette partie de Marseille et au-delà pour les communes de Plan-de-Cuques et d’Allauch.

C’est un non-sens pour les acteurs scientifiques et économiques du Technopôle de Château-Gombert. Imaginez en effet le chercheur ou le jeune dirigeant d’entreprise haute technologie arriver de Paris aux heures de pointe à St-Charles après seulement 3 heures de T.G.V. Méditerranée, puis mettre 1 heure pour sortir de la gare, trouver un taxi et parvenir à Château-Gombert !

Chers collègues, l’intérêt général et communautaire réside-t-il dans un appel à accentuer le bouchon automobile dans les deux sens d’utilisation du centre de Marseille à sa périphérie et jusqu’aux communes voisines ? ou dans l’organisation et les prolongements des réseaux de transports en commun (métro, tramway, bus) pour aller chercher les résidents et les salariés le plus près possible de leur lieu d’habitation ou de travail ?

Non ce n’est pas en structurant ainsi l’offre de transports que nous pourrons améliorer la circulation dans ces quartiers de l’agglomération Marseillaise.

Au moment où régionalement, nationalement et à l’échelle de l’Europe on s’interroge sérieusement sur des logiques alternatives au tout automobile, il est paradoxal que notre communauté urbaine tourne le dos à cette alternative immédiatement réalisable autour du métro et des transports en commun.

Tout est étudié ; tout est réservé ; tout est prêt. La rapidité de réalisation de l’alternative transports en commun serait à l’évidence supérieure à la S.08. Il ne manque plus que la volonté politique de cette assemblée (et de cette seule assemblée,) puisque l’état vient de lui transférer la maîtrise d’ouvrage, nous renvoyant ainsi à nos responsabilités quant à ce choix structurant de déplacement urbain.

Je veux ici me faire l’écho du choix de concertation avec les associations la population qui a présidé depuis 1995 au travail de la Mairie du 7e Secteur (13e et 14e arrondissements) sur ce dossier.

La voix de la raison voudrait qu’aujourd’hui on fasse de même en associant les populations d’Allauch et Plan-de-Cuques. Deux communes qui ont justement obtenu que la S.08 ne défigure pas leur territoire, puisqu’au départ elle devait se prolonger.

Voilà pourquoi nous avançons aujourd’hui la proposition de suspendre ce projet, pour demander à la commission de travailler en concertation à une cohérence d’ensemble des déplacements.

Si tel n’était pas le cas, le Groupe Communiste et Partenaires ne pourra voter cette délibération.

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