Lutte contre l’esclavage en Mauritanie

Robert BRET demande à M. Michel BARNIER, Ministre des Affaires Etrangères, quel soutien peut apporter la France pour encourager, favoriser les initiatives engagées sur le terrain en faveur de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie.

Monsieur le Ministre,

Mes convictions et engagements politiques, ma participation assidue aux initiatives pour le respect des Droits de l’Homme et la protection des militants de cette cause, me conduisent fréquemment à prendre position pour dénoncer les atteintes aux droits humains et les actes discriminatoires connexes dont sont encore, que trop, victimes des populations entières.

A ce titre, et à la demande d’Amnesty International, je parraine depuis 2 ans maintenant l’association SOS esclaves en Mauritanie et soutient les actions menées par son Président, Monsieur Boubacar Ould Messaoud, et les membres de cette association afin de relayer leur noble cause et de la faire connaître.

En effet, de nombreux témoignages pris en considération par Amnesty International attestent que la pratique de l’esclavage perdure en Mauritanie, que ceux qui fuient leur condition d’esclave ne bénéficient d’aucune protection légale et que ceux qui ont échappé à l’esclavage sont victimes d’une discrimination marquée, voire d’exactions, au mépris de la législation nationale mauritanienne qui a officiellement aboli l’esclavage en 1981 avec l’ordonnance n°81.234 du 9/11/1981 et des engagements internationaux en matière de droits humains contractés par la Mauritanie.

Le non respect de ces traités et engagements est un déni des libertés fondamentales, pour autant le Gouvernement de la République Islamique de Mauritanie n’a pris aucune mesure législative et judiciaire concrète permettant d’endiguer définitivement l’esclavage et de condamner ceux qui en tirent profit.

De même, le Gouvernement de la République Islamique de Mauritanie n’a jamais reconnu officiellement les associations antiesclavagistes, comme SOS esclaves ou l’Association mauritanienne des Droits de l’Homme, plaçant ces dernières dans l’illégalité.

D’où de réelles menaces de poursuites à tout moment pour les membres, ainsi que l’exclusion systématique de ces derniers de toute forme d’expression et d’action auprès du Gouvernement.

Pourtant, le droit de ne pas être soumis à l’esclavage ou à la servitude est un droit fondamental de l’être humain qui ne saurait être violé en aucune circonstance, comme le stipule l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Aussi, les actions essentielles menées par SOS Esclaves pour prévenir, dénoncer l’esclavage méritent d’être reconnues et soutenues. Elles visent à contraindre le Gouvernement Mauritanien à respecter les traités qu’il a contractés en prenant des mesures efficaces visant à éradiquer l’esclavage et la discrimination qui en résulte, en mettant en place les dispositions constitutionnelles et les normes internationales relatives aux droits humains qu’il a ratifiées, en faisant appel à une justice dotée d’un droit criminalisant l’esclavage et en légalisant les associations et organisations non gouvernementales de défense des droits humains.

A la recherche de soutiens efficaces et actifs qui participeraient à une reconnaissance de la part du Gouvernement mauritanien, Monsieur Boubacar Ould Messaoud, que j’avais reçu en 2004 au Sénat lors de son passage à Paris, m’informait avec regrets que l’Ambassade de France n’a jamais manifesté le moindre égard, ni exprimé la moindre considération pour son Association.

Estimant, à juste titre, qu’un soutien officiel de notre Ambassade à l’égard de cette Association influerait incontestablement le Gouvernement mauritanien, j’en avais informé votre prédécesseur, lequel ne m’a jamais répondu.

Par ailleurs, j’avais également sollicité l’Organisation Internationale du Travail en France, suite à leur mission accomplie sur place ayant pour objectif d’aider l’actuel Gouvernement mauritanien à mettre en œuvre la Convention Internationale relative au travail forcé ou obligatoire, afin de disposer d’un compte rendu de la situation. En vain.

Aussi, je souhaiterai connaître la position de la France et les initiatives qu’elle a prises ou entend prendre pour soutenir les actions et initiatives engagées sur le terrain en faveur de la lutte contre l’esclavage.

Dans l’attente de connaître votre sentiment sur cette question,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, l’expression de mes respectueuses salutations.

P.J : pour information copie du courrier de M. l’Ambassadeur de Mauritanie en réponse à mon apostrophe.

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